Nature Communications vient de publier une étude in vivo de chercheurs de l’INSERM et du CNRS, élucidant le mécanisme d’un « effet cocktail », celui d’activation d’un processus de détoxification de l’organisme (récepteur des xénobiotiques PXR) en présence d’un pesticide organochloré (trans-nonachlor) et d’un principe actif des pilules contraceptives (éthinylestradiol).
Le principe des effets cocktails réside dans le fait que deux molécules, prises isolément dans des quantités données, peuvent être inactives sur l’organisme alors qu’elles auront un effet qi elles sont prises simultanément, et ce, pour les mêmes quantités. Ce phénomène est connu de longue date en sciences naturelles, particulièrement dans le cas des perturbateurs endocriniens, sans que les mécanismes en jeux n’aient été identifiés clairement. Il pose un problème dans les études précédant l’autorisation de commercialisation des molécules chimiques puisque, à défaut de connaître le mécanisme, il n’est à ce jour pas pris en compte et chaque molécule était étudiée isolément.
L’expérience menée par les chercheurs montre que les deux molécules associées forment un complexe dont l’affinité pour le récepteur testé est très supérieure à celle de chaque molécule prise isolément. Pour suivre le cours normal de la recherche, l’expérience doit à présent être validée in vivo, c’est à dire non plus sur des cellules en culture mais sur des animaux de laboratoire. C’est seulement après confirmation de l’hypothèse suite à cette étape que l’on pourra attendre des retombées effectives dans le domaine de l’évaluation des risques liés à l’utilisation des produits chimiques.
William Bourguet, chercheur du Centre de biochimie structurale de l’université de Montpellier (CNRS/Inserm) et co-auteur de cette étude rappelle par ailleurs que « le travail est colossal puisqu’il existe dans notre environnement quelque 150.000 composés dont l’action combinée pourrait avoir des effets inattendus sur la santé humaine au regard de leur innocuité reconnue ou supposée en tant que substances isolées. »
Plus d’informations sur :
http://www.nature.com/ncomms/2015/150903/ncomms9089/full/ncomms9089.html
http://presse-inserm.fr/les-dessous-de-leffet-cocktail-des-perturbateurs-endocriniens-reveles/20453/