Des spécialistes du climat peut-il suffire à sensibiliser des parlementaires ? C’est le pari relevé actuellement, devant le palais Bourbon, par 35 scientifiques et le collectif Pour un réveil écologique. Sous une tente installée à 200 m de l’Assemblée, des climatologues et spécialistes de la biodiversité proposent depuis lundi aux nouveaux députés une formation express aux enjeux écologiques, et présenter des solutions.
« Pour répondre à cette question, il faut passer par une harmonisation des connaissances en matière de climat et de biodiversité chez tous les députés, avance Léa Falco, membre du collectif Pour un réveil écologique. Ensuite, nous saurons que les parlementaires qui n’agissent pas en faveur de l’environnement le font en pleine conscience…
« Il ne faut pas voir la transition écologique comme une menace, mais une opportunité pour améliorer la qualité de vie en préservant notre avenir », explique Gonéri Le Cozannet, l’un des auteurs du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), à la députée de Paris Maud Gatel (MoDem), qui l’écoute, concentrée. Une quarantaine de spécialistes sont attendus tel que François Gemenne, membre du Giec, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, Magali Reghezza, géographe et membre du Haut conseil pour le climat (HCC) ou encore Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Cette action inédite, organisée au lendemain des élections législatives, n’est pas « que du symbole », assure le climatologue Christophe Cassou, du Centre national de la recherche scientifique, à l’origine de l’opération avec l’ex-député Matthieu Orphelin et le collectif Pour un réveil écologique, qui réunit des étudiants de grandes écoles engagés pour le climat. Cette formation est une première étape. Ses initiateurs espèrent pouvoir lancer une formation plus poussée de tous les parlementaires sur les enjeux environnementaux au sein de l’Assemblée, “notamment à l’occasion de la sortie du rapport de synthèse du 6ème rapport du GIEC fin 2022 – début 2023 ou lors de la COP15 biodiversité en octobre 2022”, notent-ils.
Pendant ces trois jours, les scientifiques se tiendront « à disposition des député-es qui viendront chercher leur mallette d’accueil pour leur transmettre, via des formations d’une vingtaine de minutes, le consensus scientifique justifiant l’urgence à agir dans tous les secteurs » en faveur du climat et de la biodiversité, selon un communiqué.
« Cette nouvelle mandature n’a d’autre choix que d’être celle de l’adaptation à un climat changeant et celle de la réduction massive des émissions de gaz à effet de serre pour stabiliser le niveau de risques climatiques », ajoute le collectif, car « le climat et la biodiversité n’attendront pas une nouvelle mandature pour se rappeler à nous ».
“Les faits scientifiques indiquent clairement que nous envoyons nos enfants dans ‘un futur infernal’, pour reprendre la formule exacte du Secrétaire Général des Nations Unies, António Guterres. Bon nombre de parlementaires ne semblent pas avoir conscience de cette réalité terrifiante et urgente. Désormais, nous saurons qu’ils savent. Qui sait et n’agit pas pour sauver nos enfants n’est pas légitime pour décider de notre futur et surtout pas celui de nos enfants” a réagi Guillermo Fernandez.