Alors que le dérèglement climatique s’affirme partout dans le monde, les données des émissions s’affinent. Dernièrement, c’est l’ONG Climate Accountability Institute, la principale autorité mondiale sur le rôle du pétrole dans l’urgence climatique qui dévoile cette liste : vingt sociétés pétrolières ou gazières, responsables d’avoir le plus contribué à la crise climatique depuis 1965. Elles ont participé collectivement, par la combustion de leurs produits, à la production de 480 milliards de tonnes de dioxyde de carbone et de méthane. Ce chiffre équivaut à 35 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre du monde.
Ces résultats pointent le rôle historique des entreprises de combustibles fossiles dans l’escalade de la crise climatique. Dans une autre étude datant de 2017 réalisée par Peter Frumhoff de l’Union of Concerned Scientists aux États-Unis, les émissions de CO2 et de méthane des 90 plus grands producteurs industriels de carbone sont responsables de près de la moitié de l’augmentation de la température mondiale et de près d’un tiers de la hausse du niveau de la mer entre 1880 et 2010.
Patrick Heller, l’auteur principal d’un important rapport sur les organismes de contrôle des énergies fossiles, Natural Resource Governance, commente leur attitude ainsi : « Les régulateurs ont encore du mal à obtenir des informations fiables et régulières sur leurs dépenses, leurs projections de production future ou leurs stratégies commerciales fondamentales. Il est dès lors difficile pour le public d’évaluer en toute confiance la viabilité des engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique ou de poursuivre la transition vers un bouquet énergétique plus propre. Il est également difficile d’évaluer les risques que l’argent que les compagnies dépensent aujourd’hui pour l’exploration puisse se retrouver dans des actifs immobilisés qui ne seront pas viables du point de vue financier alors que le monde s’éloigne des énergies fossiles ».
Bryony Worthington, directrice exécutive de l’Environmental Defence Fund Europe explique que les gouvernements des États et les compagnies liées aux énergies fossiles sont indissociables en termes d’intérêts et de comportement lors des négociations sur le climat.
L’un des scientifiques climatologues les plus réputés au monde Michael Mann , déclare que les révélations de l’étude du Climate Accountability Institute mettent en lumière le rôle des entreprises de combustibles fossiles et a appelé les responsables politiques aux prochaines négociations sur le climat au Chili en décembre à prendre des mesures urgentes pour freiner leurs activités. « La grande tragédie de la crise climatique est que sept milliards et demi de personnes doivent payer le prix – sous la forme d’une planète dégradée – pour que quelques dizaines d’intérêts polluants puissent continuer à faire des profits records. C’est un grand échec moral de notre système politique et nous ayons permis que cela se produise. »