Une feuille de route polaire axée sur le renouveau de la recherche scientifique a été rendue publique mardi . Elle est présentée alors que ces régions du monde, frappées de plein fouet par le changement climatique, font l’objet de convoitises. Reconnue dans le monde pour sa contribution à la recherche polaire, la France connaît « un décrochage dramatique depuis une vingtaine d’années », résume l’ambassadeur chargé des pôles et des enjeux maritimes, Olivier Poivre d’Arvor, qui a supervisé la Stratégie polaire de la France à horizon 2030, rendue publique en ce début avril .
Les pôles se dérèglent toujours plus rapidement sous l’effet du changement climatique causé par les activités humaines. Au nord, l’Arctique est propulsé dans un état radicalement différent de celui dans lequel il se trouvait il y a seulement quelques décennies, avec la neige et la glace qui laissent place à une végétation plus luxuriante et des vagues de chaleur plus fréquentes. Au sud, l’Antarctique risque de voir une partie de l’un de ses principaux glaciers se désintégrer d’ici cinq ans, accélérant la débâcle des glaces.
« Une station de recherche comme Concordia, qui se trouve en milieu hostile en Antarctique, meurt si on l’arrête, on ne peut pas la redémarrer, a relaté le scientifique, réjoui d’« obtenir enfin des moyens pour sa rénovation ».
Or pour la première fois depuis le début des relevés, en 1978, l’étendue de la glace qui flotte autour du continent blanc de l’Antarctique s’est réduite, alors qu’il semblait jusqu’à présent mieux résister au changement climatique que l’Arctique . Des températures jusqu’à 40 °C supérieures aux normales de saison ont été enregistrées en Mars dernier en Antarctique ,les températures oscillant d’habitude entre – 50 °C et – 55 °C à cette période de l’année. Elles ont atteint – 11,5 °C sur la base scientifique franco-italienne Concordia : ce qui est totalement inédit!
La recherche polaire doit en parallèle être rééquilibrée en direction du Grand Nord avec notamment la création d’un bureau logistique à Nuuk au Groenland, qui connaît des épisodes de fonte extrême à répétition ces derniers temps. Ainsi que le constate M. Poivre d’Arvor : « Le Groenland est devenu le balcon du désastre, nous allons y développer une nouvelle station et des programmes de recherche, y compris en sciences humaines avec les populations locales. »
« C’est la première fois qu’un pays présente une vision stratégique globale visant les deux pôles et qui s’accompagne d’engagements financiers programmés jusqu’en 2030 », soutient le diplomate Olivier Poivre d’Arvor. Celle-ci pourrait atteindre « 300 à 800 millions d’euros dans les huit prochaines années »