Que connaît-on de la pollution aux microplastiques dans l’atmosphère ? D’où proviennent ces particules ? Que connaît-on des potentiels risques sanitaires associés ? Quel est l’état de nos connaissances actuelles concernant la dynamique du plastique entre étendues d’eau et atmosphère ?
Telles étaient les questions posées à des chercheurs spécialisés du sujet: Et pour comprendre comment ces minuscules particules de plastiques sont transportées jusqu’au sommet des montagnes, et quel est leur cycle de voyage, ont été auditionnés Gaël Le Roux, biogéochimiste, directeur de recherche CNRS au laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement de Toulouse, et Jeroen Sonke, directeur de recherche CNRS en géochimie de l’environnement. Ils sont tous deux co-auteurs de l’étude publiée en décembre dans Nature Communications sur la présence de microplastiques au sommet du Pic du Midi à 2 877 mètres d’altitude.
“C’est une étude importante qui confirme que la pollution au plastique est également présente dans l’air”, indique Francis Lacassagne, responsable technique de la plate-forme du Pic du Midi de l’Observatoire Midi-Pyrénées (OMP). “Cela fait bien deux ans qu’on a découvert la présence de ces microparticules un peu par hasard alors que l’on cherchait à piéger d’autres particules, notamment des microbes venus avec les poussières du Sahara. Il y a deux ans, on a déjà observé en Ariège la présence de microparticules de plastique dans la neige et la pluie. Cette fois-ci, on a voulu l’observer dans l’air. On voulait savoir d’où viennent ces microplastiques et d’après nos recherches, elles arrivent essentiellement d’Afrique, d’Amérique du Nord et de l’océan Atlantique”, résume Jeroen Sonke, chercheur au CNRS et coauteur de cette étude menée conjointement par des chercheurs du CNRS, de l’Institut des Géosciences de l’Environnement de Grenoble et de l’Université de Glasgow. Soit sept chercheurs au total qui espèrent ainsi contribuer aux politiques en matière de protection de l’environnement mais aussi de sensibiliser le grand public.
“Les microparticules observées au Pic du Midi sont peu concentrées, une microplastique par 4 m3, soit le volume d’une petite voiture. C’est une densité relativement faible qui n’est pas dangereuse pour les poumons mais si on extrapole à l’échelle de la planète, c’est considérable, on parle de 2000 tonnes de plastiques suspendus dans l’atmosphère”, souligne Jeroen Sonke. Aussi, les scientifiques poursuivent leurs travaux, au Pic du Midi, bien sûr, où l’observation s’inscrit sur le long terme, mais aussi en Antarctique dans le cadre du projet “ATMO-PLASTIC” lancé par l’Agence Nationale de la Recherche.
Emission, transport et dépôts atmosphériques des microplastiques – ATMO-PLASTIC
Des microplastiques retrouvés dans l’air pur des Pyrénées (CNRS, 2022) https://www.occitanie-ouest.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/des-microplastiques-retrouves-dans-l-air-pur-des-pyrenees