Longtemps incriminés dans la disparition des pollinisateurs les néonicotinoïdes puisque ce sont des insecticides parmi les plus employés dans le monde agricole.
Très souvent employés pour les semences enrobées c’est une étude canadienne parue dans Science qui nous alertent sur la disparition d’oiseaux granivores et surtout chez les migrateurs qui se nourrissent essentiellement de graines.
Rien qu’en Amérique du Nord, « plus de 200 espèces d’oiseaux migrateurs se ravitaillent sur des terres agricoles lors de leurs haltes migratoires », pointe Christy Morrissey, chercheuse à l’université de la Saskatchewan (Canada) et auteure principale de l’étude.Les travaux expérimentaux menés par les chercheuses canadiennes au printemps 2017, lors de la période de migration prénuptiale, ont porté sur un petit oiseau chanteur, le bruant à couronne blanche, représentatif des migrateurs granivores. Sur les 36 volatiles capturés, un tiers a été exposé par voie orale à une faible dose d’imidaclopride (l’équivalent d’une graine traitée, soit moins de 0,5% de la ration journalière), un autre tiers à une dose un peu plus forte (l’équivalent d’environ 3 graines traitées) et le dernier tiers, le groupe contrôle, a été soumis aux mêmes procédures mais en l’absence d’insecticide.
En France,le recours aux néonicotinoïdes a été interdit depuis la fin de l’année 2018 mais avec certaines dérogations jusqu’à mi-2020 pour l’un d’eux – mais au niveau européen, deux néonicotinoïdes restent encore autorisés. Or, si seul l’effet de l’imidaclopride a été testé dans cette étude, « nous pouvons penser que les autres néonicotinoïdes ont des effets comparables, dans la mesure où ils comportent des analogies de structure », estime Christy Morrissey, qui espère que ses recherches permettront de mieux éclairer les décideurs pour réévaluer l’utilisation de ces produits.
https://science.sciencemag.org/content/365/6458/1177