Le risque sanitaire lié à l’usage de granulats de pneus usagés pour la fabrication de terrains synthétiques est négligeable, selon l’Anses. En novembre, le magazine So Foot avait consacré une enquête à cette question, également abordée dans l’émission Envoyé Spécial diffusée sur France 2. Les ministères précisent que « l’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA) a procédé en 2017 à une évaluation préliminaire des risques pour la santé humaine » liés à ces granulés. Mais des incertitudes existent et il convient de poursuivre les études: c’est ainsi que l’ANSES conclut son étude.
Il existe environ 3.000 aires de jeu synthétiques de grande surface en France. Cent-quatre-vingts terrains de football synthétiques supplémentaires sont installés chaque année.
L’Anses avait été saisie le 21 février par plusieurs ministères (sports, santé ou encore transition écologique) afin d’évaluer les risques liés à l’utilisation croissante de granulats de pneus usagés dans les terrains de sport synthétiques. Ces petites billes noires de caoutchouc qui s’immiscent dans les chaussures et les chaussettes contiennent en effet plusieurs substances chimiques potentiellement dangereuses, tels les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), classés cancérogènes probables pour l’homme.
Depuis le milieu des années 2000, ces terrains font débat, notamment aux Etats-Unis et en Europe du Nord. Des préoccupations concernent les risques sanitaires (risques de maladies et contamination chimique, blessures et contamination bactériologique, gêne due aux odeurs) et environnementaux (contamination des sols, perte de verdure). Le risque de développement de cancers chez les footballeurs est souvent mis en avant.
En effet, on sait que de nombreuses substances sont présentes dans les granulats de pneus : des HAP, des benzothiazoles, des phtalates, des métaux (tels que le plomb, le zinc, le cuivre, le cadmium, le nickel etc…), des phénols, le trio benzène-toluène-xylène (BTX), des polychlorobiphényles (PCB), des dioxines (PCDD et PCDF), ou encore des composés organiques volatils (COV). Pour autant, peu d’études se sont penchées sur la composition des aires de jeux fabriquées à partir de ces granulats.
Toutefois, les analyses épidémiologiques existantes ne mettent pas en évidence une augmentation du risque cancérogène, en particulier des lymphomes et leucémies, associée à la fréquentation d’un terrain synthétique, estime l’Anses. « Des incertitudes demeurent quant aux risques sanitaires potentiels associés à ces matériaux, en particulier en lien avec les émissions de composés organiques volatils [COV] », notent les experts. Le rapport précise que si des substances cancérogènes sont bien émises ou relarguées par les granulats de pneus, elles le sont à de « faibles concentrations ».L’Anses conclut donc que « les études disponibles ne mettent pas en évidence de risque pour la santé ».Une proposition face à ce constat est en cours d’instruction dans le cadre du règlement européen Reach sur les substances chimiques.
L’ANSES appelle donc à de nouvelles recherches, principalement dans deux directions où les données font particulièrement défaut : l’air intérieur des bâtiments, toujours plus nombreux, qui abritent des complexes sportifs, et les aires de jeu pour enfants, où sont aussi utilisés les granulats de pneumatiques recyclés pour le revêtement des sols. Cette note, insiste l’Anses, « ne constitue pas une évaluation des risques et ne porte donc pas de conclusions de l’agence sur l’existence ou l’absence de risques ». Elle appelle donc d’autres rapports.