L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’est penchée sur les agriculteurs qui sont en première ligne face aux effets des pesticides. Après quatre années de recherches, d’innombrables auditions, une exploration poussée de toute la littérature scientifique en France et à l’étranger, des plongées dans les statistiques difficilement accessibles du secteur agricole, Il en résulte un rapport intitulé « Expositions professionnelles aux pesticides en agriculture ” comprenant sept volumes, nous espérons qu’il sera publié prochainement dans son intégralité.
Alors que régulièrement est annoncé une volonté d’en réduire les utilisations (Plans Ecophyto) notre pays, l’un des grandes utilisateurs dans le monde, a consommé au moins 60 000 tonnes de ces produits en 2014 : 9 % de plus qu’en 2013. Nous constatons à l’inverse une progression constante, tandis que la part des molécules suspectées d’être cancérogènes ou mutagènes grimpe plus vite encore. Or, les alertes se multiplient sur les liens possibles avec les hémopathies malignes, les cancers de la prostate ou de la peau, les tumeurs cérébrales, les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, les troubles de la reproduction et du développement de l’enfant…
Ce rapport éclaire sur les pratiques des agriculteurs, la façon dont ils se protègent ou pas des effets des pesticides, les conseils de prévention et les informations sur la toxicité qui leur sont dispensés. L’idée des experts – praticiens hospitaliers, vétérinaires, agronomes, toxicologues, sociologues, ergonomes… – était d’esquisser des pistes de réduction des risques. Notre pays semble incapable de freiner l’emballement du recours à la chimie, au détriment des 1,01 million de personnes qui s’activent dans les champs, les vignes, les vergers arboricoles ou les plantations badigeonnées d’insecticides et ceci souvent au détriment de leur santé comme aussi parfois celle des riverains. Il semble qu’une grande omerta continue de planer sur les données tant des personnels, que celles concernant les maladies professionnelles des utilisateurs, ce qui explique aussi la grande difficulté des malades pour une reconnaissance des relations de causalité de leurs pathologies.
D’autres travaux se sont penchés sur l’efficacité des équipements de protection. Ils notent que les cabines des tracteurs ne protègent pas entièrement des particules fines, que les combinaisons ne sont pas forcément performantes contre les mélanges de produits, que leur résistance est faible contre les particules de taille nanométrique. Il arrive de surcroît que des employés les manipulent alors qu’elles sont souillées.