Des responsables de la recherche agronomique française *s’expriment avec des solutions , afin de favoriser les pratiques agricoles innovantes qui permettraient de réduire largement les émissions de gaz à effet de serre.
Les scientifiques savent désormais que le temps n’est plus aux conflits stériles : la sécurité mondiale, la santé et même la survie de beaucoup d’êtres humains sont en jeu. Les changements climatiques affectent sensiblement la production agricole et plusieurs millions de personnes ont déjà dû quitter leur pays, touchées par des sécheresses ou des inondations. Face à l’urgence, à la diversité des situations et à la globalité des enjeux, il nous faut sortir des logiques binaires où il n’existe qu’une seule solution, à l’exclusion de toutes les autres, pour répondre à des problèmes complexes par des solutions concrètes. Face à de tels défis, l’urgence est en effet à l’action sous toutes ses formes, dès maintenant.
94 % des contributions nationales volontaires des pays à la mise en œuvre de l’accord de Paris désormais en action impliquent des actions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre ou d’adaptation des systèmes agricoles et alimentaires aux nouvelles conditions climatiques.
L’initiative internationale « 4 pour 1000, des sols pour la sécurité alimentaire et le climat » défend ce principe. Lancée par le ministre français de l’agriculture en 2015 à la COP21, elle est passée ce jeudi 17 novembre en phase opérationnelle à Marrakech à la COP22. Elle rassemble aujourd’hui 170 institutions de 30 pays et poursuit un double objectif : la sécurité alimentaire à travers une meilleure fertilité organique des sols et la lutte contre les changements climatiques grâce à l’accroissement durable du stock de carbone des sols.
Il s’agit d’inciter les agriculteurs au maintien des prairies pour l’élevage, à la coexistence de cultures et d’arbres, à l’association de plusieurs espèces ou variétés pour augmenter leur résilience, à l’ajustement des doses d’engrais , au développement de pratiques agro-écologiques comme l’agriculture de conservation qui préserve la qualité biologique des sols. En parallèle, il faut inventer de nouvelles manières saines et durables de produire, de transformer et de consommer la nourriture. Elles ne doivent ni épuiser les ressources naturelles ni dégrader les milieux, tout en offrant des emplois et des revenus suffisants aux producteurs.Il s’agit ainsi de mobiliser largement les acteurs pour caractériser sur le terrain les pratiques agricoles innovantes et les diffuser.
*parmi eux: Marion Guillou, présidente du Conseil d’administration de l’IAVFF – Agreenium, Michel Eddi, PDG du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement et Philippe Mauguin, PDG de l’Institut national de la recherche agronomique