Un rapport commandé par le Parlement européen vient d’être présenté : celui-ci regrette l’absence de prise en compte des effets cumulés de ces substances et pointe du doigt de profondes incohérences entre les différentes réglementations.
Rappelons nous qu’en novembre 2018, la Commission européenne présentait sa stratégie sur les perturbateurs endocriniens (PE) avec, comme objectif affiché, la réduction de l’exposition de la population à ces substances, capables d’interférer avec le système hormonal et impliquées dans une variété de troubles et de pathologies. Aussi ce rapport est d’autant plus important.
Ce rapport met en évidence l’exposition croisée de nombreuses substances déjà signalées comme PE avec un manque évident de précautions d’utilisation : on peut citer : les pesticides, additifs alimentaires, plastifiants, cosmétiques, solvants, ignifugeants, etc. Ils sont déjà signifiés comme augmentant le risque de contracter de nombreuses maladies chroniques. Cependant, en raison de leurs propriétés particulières, il est souvent impossible de fixer un seuil d’exposition en dessous duquel aucun effet ne serait susceptible de survenir.
Dans leur rapport, les deux auteurs mandatés par les parlementaires, Barbara Demeneix (CNRS, Muséum national d’histoire naturelle) et Rémy Slama (Épidémiologiste Inserm, Université de Grenoble) ont d’abord passé en revue les connaissances scientifiques les plus récentes sur le sujet. « Auparavant, nous disposions surtout de données américaines sur l’imprégnation de la population, mais nous avons désormais accès à des données de surveillance en Europe, montrant une situation comparable, explique Rémy Slama. A savoir une exposition généralisée de la population, y compris les femmes enceintes, à des dizaines de perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés. » Il ajoute : “Bien que multifactoriels, de nombreux désordres chroniques ont été clairement associés à des perturbateurs endocriniens par des travaux allant d’études sur la cellule à celles sur l’animal ainsi qu’en épidémiologie humaine”.
Ces troubles incluent l’obésité et les troubles du métabolisme, les troubles et des cancers des systèmes reproducteurs masculin et féminin, les troubles de la thyroïde, les maladies neurodéveloppementales et la baisse du quotient intellectuel. » De manière générale, commente M. Slama, « les études épidémiologiques récentes tendent à confirmer les éléments de preuve déjà disponibles fournis par la toxicologie ».
Rapport : http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2019/608866/IPOL_STU(2019)608866_EN.pdf