Réduire la concentration de particules fines participerait à une meilleure qualité de l’air et donc, à une meilleure santé des habitants. Mais à une baisse de combien faudrait-il parvenir pour impacter positivement la santé publique, et notamment pour réduire la mortalité ?
C’est sur cette question que s’est penchée une équipe multidisciplinaire de chercheurs (épidémiologistes de l’Inserm, biologiste ansi que des économistes du CNRS et de l’INRA, spécialistes de la qualité de l’air d’Atmo Auvergne Rhône-Alpes).
Ils ont comparé la moyenne de particules fines mesurée à Grenoble et Lyon, soit respectivement 14 et 15 microgrammes par m3, pour la période 2015-2017, avec une situation sans particules fines liées à la pollution. De cette façon, ils ont évalué à 145 décès par an à Grenoble dus à cette contamination de l’air tandis qu’à Lyon, ce nombre s’établissait à 531. L’exposition aux particules fines en suspension (les PM2,5) cause des effets importants et reconnus sur la santé en milieu urbain (mortalité et pathologies cardiovasculaires et respiratoires, troubles de la grossesse et de la croissance du fœtus…), et il est possible de faire baisser cette exposition. Toutefois les politiques publiques visant à réduire la pollution atmosphérique sont souvent conçues sans se fixer de bénéfice sanitaire à atteindre.
Après calculs, les scientifiques ont estimé qu’« une réduction de 2,9 microgrammes par m3 (Grenoble) et 3,3 μg/m3 (Lyon) serait nécessaire pour réduire d’un tiers la mortalité attribuable à ces particules », indiquent les chercheurs. « Il ne s’agirait pas que de décès évités chez des personnes fragiles : l’espérance de vie augmenterait simultanément d’environ 3 mois. »
Ce travail publié dans Environment international donne également un ordre de grandeur des coûts de la pollution en milieu urbain : 1200€ par habitant et par an dans les agglomérations de Lyon et Grenoble.
« Une telle étude peut être aisément transposée à d’autres agglomérations et peut aider les grandes villes françaises à cibler des scénarios de réduction de la pollution atmosphérique », concluent les auteurs.
Cette étude a été réalisée dans le cadre des projets QAMECS et MobilAir soutenus par l’ADEME, Grenoble-Alpes Métropole et l’IDEX Université Grenoble Alpes.