Tampons et serviettes jetables se sont imposés à la fin du XIXe siècle. Elle se penche ici sur trois emblèmes de notre « culture menstruelle » : les serviettes jetables, les tampons, et les applications de suivi des règles. Trois produits dont l’usage, écrit Jeanne Guien, « implique de vivre dans une société consumériste : un monde où avoir, utiliser, partager quelque chose, c’est d’abord acheter quelque chose ». D’autant que les industriels majoritaires de ces produits que sont Procter & Gamble, et Tampax ont réussi à imposer leur empire jetable, dont le chiffre d’affaires mondial s’élève chaque année à plusieurs dizaines de milliards de dollars .
Jeanne Guien défend l’hypothèse selon laquelle ces produits auraient également été un outil de domestication des corps, renforçant les normes de genre. La course à l’innovation défendue par les industriels du secteur repose en effet, écrit-elle, « sur l’idée fondamentale que les produits menstruels doivent servir à dissimuler les règles et le statut de personne menstruée, qui ne correspondent pas aux standards de la “féminité” ».
Par ailleurs le secteur ne fait l’objet d’aucune régulation, et la liste des ingrédients de l’immense majorité des tampons reste inconnue. L’emploi de produits chimiques pour blanchir le coton est toujours d’usage, en dépit des conséquences sanitaires et environnementales dénoncées depuis des années par les associations consuméristes.
Une histoire des produits menstruels, de Jeanne Guien, aux éditions Divergences, sortie le 10 février 2023. 240 pages, 18 euros.