Un rapport l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) rapporte l’inhalation du protoxyde d’azote, le gaz des siphons à chantilly utilisé comme une drogue euphorisante par certains jeunes.
Le protoxyde d’azote est également appelé oxyde nitreux ; il a comme formule chimique N2O, il est utilisé en anesthésie, en chirurgie, mais de nos jours parfois utilisé par ses pouvoirs euphorisants comme drogue hallucinogène.
“On est en train d’observer un usage assez inquiétant : les jeunes ont sûrement la sensation de ne pas être en danger en consommant ce gaz, alors que c’est exactement le message contraire qu’il faut faire passer”, explique à l’AFP la toxicologue Cécilia Solal, coordinatrice du rapport de l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). On le trouve dans ces petites cartouches métalliques vides jetées dans le caniveau : elles contenaient du protoxyde d’azote, normalement utilisé comme gaz propulseur dans les siphons de cuisine.
Mais c’est un usage détourné qui le rend de plus en plus populaires chez les jeunes. Vidé dans un ballon de baudruche puis inhalé, le protoxyde d’azote, surnommé “gaz hilarant” ou “proto”, a des effets euphorisants rapides.“C’est une défonce facile, pas chère, ça dure 30 secondes et les jeunes n’ont pas l’impression qu’à terme il pourrait y avoir des atteintes neurologiques persistantes”, selon Cécilia Solal.“Ça coïncide avec la mise sur le marché de ces petites cartouches pour siphon à chantilly qui reflètent la mode de faire la cuisine comme les chefs”.
Entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2019, 66 intoxications au protoxyde d’azote ont été enregistrées. Il s’agissait en majorité de jeunes hommes, et plus de la moitié avait entre 20 et 25 ans. Sur les 66 cas, 42 présentaient “au moins un symptôme neurologique ou neuromusculaire” (tremblements, fourmillements, contractions involontaires…). Cinq personnes ont eu “des symptômes de gravité forte”, dont des convulsions. L’une “a présenté un arrêt cardio-respiratoire avec découverte d’une pathologie cardiaque lors de son hospitalisation”.
Les cas les plus graves pourraient être liés à une grosse consommation sur une période de quelques mois, ce qui bat en brèche l’idée d’une utilisation uniquement festive, en soirée : “On a eu des cas de personnes qui consommaient plusieurs centaines de cartouches par jour, toutes seules chez elles.” Au-delà des cas les plus sévères, le “proto” peut provoquer “des symptômes plus généraux”, comme des étourdissements.
Toutes ces raisons poussent l’Anses à souligner “le besoin de réglementer l’accès et l’étiquetage du protoxyde d’azote pour son usage alimentaire”, alors que le médical est déjà strictement encadré.