Claude Gronfier, chronobiologiste à l’Université Claude Bernard de Lyon, répond à des questions que sur le sommeil.
La question que nous nous posons tous : pourquoi certaines personnes ont besoin de dormir 8 heures par nuit pour se sentir bien, quand d’autres clament fièrement que 5 heures leur suffisent ?
Des variabilités d’origine génétique
Une équipe internationale de chercheurs ont en effet identifié une mutation génétique (p.Tyr362His) sur le gène BHLHE41 – également appelé DEC2. Ils ont découvert que les porteurs de cette mutation n’avaient besoin que de 5 à 6 heures de sommeil pour se sentir en forme. À l’inverse, ceux chez qui cette mutation n’était pas détectée avaient en moyenne besoin de 8 à 9 heures.L’origine de cette inégalité serait génétique selon une étude publiée dans le numéro d’août de Sleep, la revue de l’Académie américaine de médecine du sommeil (AASM).
La publication précise que “la plupart des adultes semblent avoir besoin d’au moins sept heures de sommeil de qualité chaque nuit pour une santé, une productivité, et une vigilance dans la journée optimales”.
Une enquête menée en 2009 par l’Institut du sommeil et de la vigilance révèle que les jeunes adultes de 25 à 35 ans dorment 7 à 8 heures par jour ; le temps de sommeil est inférieur à 6h – 7h entre 35 et 55 ans. Près de 30 % des Français dorment moins de 7 heures par nuit.
Selon l’Inpes, il est prouvé que le manque répété de sommeil peut avoir des conséquences néfastes : prise de poids, diabète, maladies cardiovasculaires, hypertension artérielle, troubles gastro-intestinaux, infections virales, dépression, mal de tête, baisse de motivation, difficultés d’apprentissage, décrochage scolaire, soucis professionnels, sans oublier la somnolence au volant, première cause d’accident sur autoroute.
Le sommeil ne sert pas qu’à se reposer.
La “dette de sommeil” a des effets négatifs sur notre cerveau, en particulier notre capacité d’analyse et de mémorisation. Mais ce n’est pas tout. Le manque de repos joue aussi sur la régulation du métabolisme et du système immunitaire. Fatigués, nous tombons plus souvent malades. Cela peut devenir problématique, en particulier pour les adolescents, qui sont en dette chronique de sommeil.
De plus, la restriction de sommeil perturbe la synthèse de certaines hormones, ce qui pourrait entraîner des conséquences graves pour la santé. C’est ce qu’explique Claude Gronfier, chronobiologiste de l’Université Claude Bernard de Lyon,