Le changement climatique est plus que jamais directement observable en haute montagne.
Cet été encore, il a fait trop chaud et trop sec dans les Alpes. Des températures parfois proches de zéro au sommet du mont Blanc (4 810 m), des 35 °C à Chamonix (1 000 m) et des montagnes qui partent en miettes s’en retrouvent défigurées et sont de plus en plus dangereuses pour l’homme. Les conséquences sur ces températures élevées fragilise la montagne et les alpinistes en paient un lourd tribu et même les plus chevronnés : c’est le constat que tous les montagnards ont fait encore cette année face à des pans entiers de montagne qui se détachent, arrachant tout sur leur passage. “Les itinéraires deviennent plus difficiles techniquement, plus dangereux, plus engagés” estime le conseiller municipal de Chamonix Claude Jacot.
Un nouveau pan de recherche se développe par ailleurs sur le permafrost alpin. Du 23 juin au 1er juillet 2018 s’est tenue la 5ème conférence européenne sur le permafrost à Chamonix.
Le but de cette rencontre internationale périodique est de couvrir tous les aspects importants liés au permafrost en termes de recherche, ingénierie, sensibilisation et résultats aux échelles globales et régionales qui devrait permettre un état des lieux de ces travaux, bien avancés en Suisse mais encore trop embryonnaires en France. En France existe un groupe de travail co-piloté par la Direction Générale de la Prévention des Risques (DGPR) et Irstea avec la contribution du PARN pour l’élaboration du Plan d’Action pour la Prévention des Risques d’Origine Glaciaire et périglaciaire (PAPROG).
Le permafrost (ou pergélisol) disparaît: cette dégradation du permafrost, c’est l’autre traduction dramatique, moins connue que la fonte des glaciers, du réchauffement climatique sur les hauts sommets. Le permafrost désigne un sol ou une roche dont la température se maintient en dessous de zéro degré sur de très longues périodes. En haute montagne, il permet la création de glace qui joue le rôle de ciment dans les fissures des parois. Or, depuis plus d’une quinzaine d’années, le permafrost se réchauffe et déstabilise les parois, qui se décrochent. Le processus est le même dans les régions arctiques où la dégradation du permafrost entraîne le disparition de forets entières qui s’affaissent sous l’effet de ce manque de cohésion du sol.
Le permafrost est aussi en partie composé de carbone organique. Au niveau mondial, les deux premiers mètres du pergélisol contiendraient 1670 gigatonnes de carbone. L’atmosphère n’en contiendrait que 730 gigatonnes. S’il était amené à fondre, ces immenses quantités de gaz à effet de serre seraient relâchées. Le réchauffement s’en trouverait amplifié : une menace de plus longtemps négligée.