Le suivi des bateaux pratiquant la pêche industrielle en haute mer montre que les distances parcourues augmentent tandis que les tonnages de captures baissent. Une pratique non rentable qui ne perdure que grâce aux aides d’États.
Les zones de pêche sont passées de 60% de la surface totale des océans à 90% aujourd’hui.
L’article émanant de l’initiative “sea around us” (la mer autour de nous) que vient de publier Science advances rappelle qu’au XIXe siècle, les Terre-neuvas bretons traversaient déjà l’Atlantique pour aller pêcher la morue. Un exemple qui montre bien que l’intensification de ces pratiques amène invariablement à la disparition du stock. La population de la morue de Terre Neuve ne s’est toujours pas restaurée malgré un moratoire instauré en 1992.
Si les auteurs rappellent cet exemple, c’est pour illustrer le fait que la pêche industrielle de longue distance est elle aussi condamnée à court terme. Les chercheurs ont compilé les données satellitaires et les déclarations de capture des Etats possédant une flotte industrielle de 1950 à aujourd’hui. Ils ont ainsi déterminé que les zones de pêche sont passées de 60% de la surface totale des océans à 90% aujourd’hui. «Il n’y a plus que les zones polaires extrêmes pour n’avoir jamais été visitée par un bateau de pêche » affirme Daniel Pauly, halieute à l’Université de Colombie Britannique (Canada) et co-auteur de l’étude.
« Alors que la plupart des pays concentrent leurs efforts sur leurs zones de pêche locales, ces quatre Etats (Chine, Espagne, Corée du Sud et Taiwan) ont une politique agressive de subventions à la construction de bateau et de défiscalisation du carburant pour encourager leur flotte à aller à des milliers de kilomètres de leur port d’attache », affirme l’auteur principal de l’étude, David Tickler, chercheur à l’école de biologie de l’Université de l’Australie de l’ouest.