La revue scientifique Environmental Science and Technology souligne le caractère inquiétant de la prolifération de matières chimiques utilisées (plastiques, pesticides, tissus synthétiques, composés industriels, médicaments… il existe plus de 350 000 types de ces produits chimiques fabriqués synthétiquement) dans le monde, rompant l’équilibre de notre planète Terre.
Les volumes se diffusent dans l’environnement partout dans le monde sous différents formats chaque année, notamment pour les plastiques. Ils sont tels, que ce cocktail polluant menace désormais, l’équilibre naturel qui prévalait sur Terre depuis 10 000 ans. « La production de produits chimiques a été multipliée par cinquante depuis 1950. Elle devrait encore tripler d’ici 2050 », indique Patricia Villarubia-Gómez, du Stockholm Resilience Centre, une des quatorze scientifiques impliqués dans cette première évaluation mondiale du poids de la chimie de synthèse et de ses conséquences sur l’environnement. Celle ci indique que « la masse totale de plastiques sur la planète représente désormais plus du double de la masse de tous les mammifères vivants ». Malgré les efforts mondiaux de collecte des déchets au cours de la dernière décennie, environ 80 % de tous les plastiques finissent dans la nature, où les 10 000 composants chimiques qui les composent se désagrègent en une soupe plus dangereuse encore.
70 000 nouveaux produits ont été enregistrés cette dernière décennie. « La vitesse à laquelle ces polluants apparaissent dans l’environnement dépasse de loin la capacité des gouvernements à évaluer les risques mondiaux et régionaux, sans parler de contrôler les problèmes potentiels », note Bethanie Carney Almroth, de l’Université de Göteborg en Suède. C’est notamment le cas des pesticides, environ 17 000 produits sur le marché actuellement, dont beaucoup commercialisés sans examens approfondis.
Le cadre conceptuel des « limites planétaires » a été posé en 2009, puis précisé en 2015 dans la revue Science, par une équipe pluridisciplinaire internationale. Il consiste à segmenter le « système Terre » en neuf compartiments ou paramètres (climat, biodiversité, ozone stratosphérique, cycles biochimiques, eaux douces, acidité de l’océan, utilisation des terres, aérosols dans l’atmosphère, « entités nouvelles »), et à tenter d’établir pour chacun d’eux le niveau de perturbation au-dessous duquel le risque de déstabilisation du système Terre demeure faible.
Nous voyons donc que la pollution chimique endommage gravement les processus biologiques et physiques qui sous-tendent toute vie sur Terre. Le volume est tel, qu’une limite est franchie : nos sociétés sont d’ores et déjà en danger, selon l’approche des neuf limites planétaires, mise au point par des scientifiques dés 2009.