L’autorité environnementale souligne le manque d’ambition pour la transition environnementale des plans, et tout particulièrement des programmes qui concernent l’eau. Et pour de nombreux projets, les questions liées à cette ressource si importante pourtant, sont insuffisamment prises en compte, notamment à travers l’analyse des schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage).
Dans son rapport annuel (PDF), publié jeudi 5 mai, l’instance “constate, dans ces dossiers, un écart préoccupant entre les objectifs fixés à moyen et long terme, les ambitions affichées pour les atteindre et les actes censés les traduire”. “Si on ne l’anticipe pas, les limites planétaires et les effets de leur dépassement s’imposeront de façon implacable”, prévient-elle, par la voix de son président Philippe Ledenvic.
Il persiste en ajoutant : « La transition écologique n’est pas amorcée en France » et constate de surcroît « des évolutions préoccupantes pour la démocratie environnementale », et exprime « pour la première fois une inquiétude concernant les moyens » de l’AE, une instance adossée au Conseil général de l’environnement et du développement durable et composée d’un collège d’experts,dans son rapport.
Les responsables restent, selon l’institution, sur « des modèles à bout de souffle », qui les conduisent à présenter toujours « les mêmes programmes, les mêmes financements, les mêmes projets » aux conséquences irréversibles, qui ne devraient ne plus être d’actualité.
Les experts ont eu à analyser des politiques fort variées, et non des moindres, comme la stratégie française dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune, le septième plan d’action sur les nitrates, pas plus efficaces que ses prédécesseurs tout comme ou la deuxième mouture du plan Ecophyto, qui échoue toujours, depuis 2008, à réduire l’usage des pesticides agricoles… Ce sont, aux yeux des experts, de « nouvelles occasions manquées pour la France d’accompagner les agriculteurs dans la transition vers l’agroécologie, pour une agriculture significativement moins polluante et plus résiliente face au changement climatique ».
Parallèlement elle dresse un sévère réquisitoire contre le décalage entre les ambitions affichées par les plans/projets et les moyens réellement mis en œuvre pour faire face à aussi à l’urgence climatique, qui ne permettent pas d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris de limiter à 1,5 °C le réchauffement climatique. Elle souligne ici sa convergence de vue avec le Haut Conseil du climat (HCC), qui a pointé l’insuffisance des efforts actuels de la France pour atteindre l’objectif de baisser de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, mais aussi avec le Conseil d’État qui, dans le contentieux Grande-Synthe demande à l’Etat de prendre les mesures supplémentaires indispensables.
;