A l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le gaspillage, la chercheuse grenobloise Mia Birau décrypte « les mécanismes psychologiques, largement inconscients, qui conduisent au gaspillage alimentaire »
On considère que chaque Français jette chaque année 29 kg d’aliments chaque année chez soi, et 155 kg pour l’ensemble de la chaîne alimentaire. La valeur de la nourriture ainsi perdue représente 240 euros par an et par personne.
Mia Birau explique les ressorts conscients et inconscients qui conduisent les consommateurs à jeter autant d’aliments alors que de plus en plus la prise de conscience de ce gaspillage émerge dans notre société: il en ressort une culpabilité face à certaines campagnes:Si le message est culpabilisant, il se produit l’effet inverse à celui recherché : les consommateurs, sous-estimant leur gaspillage, ils ne se sentent ainsi pas coupables. Au contraire , si le message souligne la part de responsabilité des distributeurs et des restaurateurs, le consommateur est plus disposé à faire des efforts pour réduire ce gaspillage, alors il ne se sent pas le seul concerné.Ces études montrent aussi que lorsqu’on explique que c’est facile de réduire son gaspillage, en somme, que l’on fait appel à la confiance du consommateur, le sentiment d’être accusé s’atténue. Le consommateur est alors disposé à faire plus d’efforts.
Il faut dire que longtemps le gaspillage s’explique-t-il en partie par la prééminence de normes sociales, hygiénistes ? Certains mécanismes psychologiques, largement inconscients, conduisent en effet à ce gaspillage.Les dates de Péremptions DLO et DLV sont souvent peu explicites pour l’acheteur et l’incitent trop souvent à jeter des aliments achetés qui sont stockés soit dans son réfrigérateur ou son placard!Les indications « garder au frais » ou « garder dans un endroit sec », sont souvent insuffisantes car trop générales et relèvent souvent d’une date optimale d’utilisation.
Autre remarque: le moment où l’on fait ses achats alimentaires: si c’est l’heure du repas il a été vérifié que , notre inconscient contrecarre les motivations qui ont guidé l’achat alors qu’il était prévu de penser à l’équilibre , à la diététique. De même les habitudes, restent souvent présentes alors que la notion de gaspillage s’installe et réoriente achats et mise au rebut.
On voit qu’il est nécessaire d’améliorer la législation sur les étiquettes et de faire leur connaissance dés que possible chez les enfants.