Fin juin, le centre européen de recherches (JRC joint research Center), organisme scientifique attaché à la Commission Européenne, actualisait son Atlas mondial de la désertification dont la précédente édition datait de dix ans. Le bilan n’est pas brillant : “durant les vingt dernières années, la pression sur les terres et les sols s’est accrue de manière dramatique,” résume Tibor Navracsics, commissaire européen responsable du JRC.
Depuis une cinquantaine d’années, les changements dans les habitudes alimentaires en faveur de davantage de produits d’origine animale et l’accroissement de la population ont amené une exploitation de plus en plus importante des ressources de la planète, et même une surexploitation néfaste.
La transformation des terres en déserts n’est que la partie émergée d’un iceberg encore plus inquiétant : la dégradation des sols. Les terres cultivables perdent leurs qualités nutritives, deviennent moins favorables à la pousse des végétaux, la terre perd sa structure… Selon l’atlas du JRC, les trois quarts des terres de la planète seraient aujourd’hui dégradées, et 90% pourraient le devenir d’ici 2050. “Globalement, une surface équivalente à la moitié de celle de l’Union Européenne (4,18 millions de km2) est dégradée annuellement, l’Afrique et l’Asie étant les plus affectées,” précise ce document.
L’humanité est bien entendu responsable : “la croissance de la population et les changements dans nos schémas de consommation exercent une pression sans précédent sur les ressources naturelles de la planète,” préviennent les experts. Les pratiques agricoles, la déforestation, et plus globalement l’épuisement de la planète par des activités non soutenables sont à la racine du problème.
Les conséquences de cette dégradation des sols ne sont pas qu’écologiques : leur coût économique est estimé à des dizaines de milliards d’euros par an. De plus, l’effet combiné de cet épuisement des sols et du changement climatique pourrait réduire les récoltes de 10% d’ici 2050. L’Inde, la Chine et l’Afrique subsaharienne seraient les plus touchées, et la production agricole pourrait y diminuer de moitié.