Cent-onze Etats, ainsi que l’UE, ont ratifié l’Accord de Paris, à l’issue de la COP22 de Marrakech (Maroc). Collectivement, ces pays représentent plus des trois quarts des émissions mondiales.
Pour entrer en vigueur, l’Accord de Paris adopté en décembre 2015 devait être ratifié par au moins 55 Etats, couvrant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Le premier seuil a été franchi le 21 septembre et le second le 5 octobre. Une étape essentielle a été franchie en septembre, lorsque la Chine et les Etats-Unis l’ont officiellement approuvé. A cette date, 26 Etats, couvrant 39% des émissions mondiales (dont 38,5% pour les deux géants), avaient ratifié le texte. A noter que si la Chine l’a ratifié, les Etats-Unis l’ont simplement “accepté”. En effet, échaudés par l’échec de la ratification du protocole de Kyoto, les Etats-Unis se sont évertués à sortir un maximum de dispositions de la partie “traité” de l’Accord de Paris pour éviter une procédure de ratification devant le Congrès. Finalement, au regard du droit constitutionnel américain, il prend la forme d’un “executive agreement”, ce qui permet une adoption officielle par une simple signature du Président américain.
Le 21 septembre, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, plus de 30 Etats supplémentaires ont ratifié l’Accord. Ils étaient alors 60 à l’avoir fait et représentaient 47% des émissions mondiales.Au cours des 30 jours suivants, 23 Etats supplémentaires ont validé l’accord, ajoutant quelque 8,50% des émissions mondiales au total couvert par l’Accord. Parmi ceux-ci figurent notamment deux émetteurs importants du groupe des pays du Sud : l’Indonésie, avec 1,66% des émissions mondiales, la Corée du Sud (1,39%), l’Afrique du Sud (1,22%) et le Vietnam (1,19%). De même, la Pologne (0,92%), la Grèce (0,23%), la Suède (0,16%) et le Danemark (0,14%) rejoignent les sept premiers Etats membres de l’UE à avoir officiellement approuvé l’Accord.
Enfin, seize pays ont déposé leur ratification depuis l’entrée en vigueur officielle de l’Accord. Parmi ceux-ci figurent notamment deux émetteurs de taille : le Japon (2,91% des émissions mondiales) et l’Australie (1,24%). Avec la ratification du Royaume-Uni (1,32%), de l’Italie (1,06%), de la Finlande (0,17%), de l’Irlande (0,14%), de l’Estonie (0,05%) et du Luxembourg (0,03%), 18 Etats membres de l’UE ont déposé leur outils de ratification.
Le 5 octobre, 10 pays avaient déposé leur ratification. A cette date, 59,12% des émissions mondiales étaient couvertes. Parmi les pays ayant officialisé leur ratification figurent sept Etats membres de l’Union européenne : la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, Malte, le Portugal et la Slovaquie. Ils sont accompagnés de la Bolivie, du Canada et du Népal.
L’Accord est entré en vigueur le 4 novembre, soit 30 jours après que les deux conditions aient été réunies. Il aura fallu moins d’un an pour que l’Accord soit officiellement validé. Un record pour un traité international de cette importance. Les premières négociations sur son application ont donc commencé à Marrakech (Maroc) à l’occasion de la COP22.
Au cours de cette COP 22 des scientifiques ont publié pour la COP 22 un livre sur l’effet du changement climatique en Méditerranée. Réalisé sous l’égide de l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement, il vise à réduire le fossé entre les décideurs et les chercheurs. Détails avec Eric Martin chercheur à l’Irstea.
La Méditerranée présente des enjeux sociétaux forts : la zone est très peuplée avec des populations en augmentation près de la bande côtière. Certains phénomènes, comme les épisodes de précipitations extrêmes qui touchent le sud de la France et d’autres pays proches, sont très compliqués à comprendre, à prévoir pour les jours qui viennent mais aussi à dix ou quinze ans.
Ils ont réalisé un zoom sur ce bassin également parce que dans le rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les données sont présentées par continent. Or comme la Méditerranée se trouve à cheval sur deux continents, il est moins aisé pour les décideurs de disposer d’une vision globale des enjeux. Nous avons donc regroupé les dernières connaissances dans un seul ouvrage.
Au-delà de la présentation de l’état actuel des connaissances, ils affichent la volonté de combler le fossé entre chercheurs et décideurs, c’est pour cela que l’ouvrage a été présenté lors de la COP 22. Nous visons une co-construction des recherches entre ces deux acteurs.
Pour quoi le bassin méditerranéen ??Tout d’abord, la Méditerranée est d’un point de vue du climat un “hotspot” : le climat va y changer plus que la moyenne. Le GIEC donne comme ordre de grandeur pour les scénarios les plus extrêmes une augmentation des températures allant jusqu’à 7 degrés pour la Méditerranée à la fin du siècle, contre 5,8 degrés en moyenne. C’est également un “hotspot” pour la biodiversité, avec un nombre très important d’espèces, dont une partie est menacée par les changements climatiques et les activités humaines. Enfin, ce bassin présente beaucoup d’évènements extrêmes : des pluies intenses, des crues rapides, ou des longues périodes de sécheresse.Nous savons que beaucoup de choses sont en train de changer. Ainsi, des études sont en cours pour essayer de quantifier les sécheresses récentes :Ils souhaitent ainsi déterminer si on peut comparer la période actuelle à d’autres périodes du passé. De même, concernant les pluies extrêmes, aujourd’hui il est difficile d’ évaluer les tendances : ces événements n’arrivent pas souvent et les marges d’incertitudes sont donc importantes.
L’ensemble des modèles climatiques indique que dans un contexte de changement climatique, il y aura une augmentation des événements extrêmes. Toutefois, contrairement à l’augmentation des températures pour lesquelles ils n’ont plus de doutes sur le fait que nous sommes sortis de la marge d’erreur d’une variabilité normale du climat, il n’en est pas de même pour l’augmentation des événements extrêmes.