Les commentaires de l’industrie viennent faire de l’ombre à la stratégie de la Commission européenne de déployer les compteurs intelligents à travers l’Europe d’ici à 2020.
“Il existe d’autres moyens plus efficaces que les compteurs intelligents pour développer des réseaux électriques intelligents”, ont déclaré des délégués de l’industrie lors de la convention annuelle de l’Association européenne de l’électricité – Eurelectric – organisée à Vilnius début juin. Ces moyens seraient par exemple une intégration plus rapide des renouvelables, le développement des réserves d’énergie, et une meilleure gestion de la demande d’énergie, ont expliqué les représentants. Ainsi les bénéfices réels des compteurs intelligents seraient remis en question lors de la conférence. Plusieurs États membres avaient déjà douté de leur efficacité.
Dans le cadre du troisième paquet sur l’énergie de 2009, les États membres de l’UE doivent mettre en place des compteurs intelligents partout où cela est rentable, dans l’objectif de remplacer 80 % des compteurs électriques par des compteurs intelligents d’ici à 2020. L’objectif de 80 % s’applique aux foyers et aux bâtiments commerciaux, a confirmé un porte-parole de la Commission. L’exécutif publiera dans les deux prochaines années un rapport sur les compteurs intelligents « dans le contexte de notre exercice de surveillance régulière des progrès des États membres », a commenté le porte-parole. Mais les avancées sont lentes, car seuls quelques pays ont achevé le déploiement alors que les autres – notamment l’Allemagne – s’opposent au lancement de cette technique. Markus Merkel, membre du conseil d’administration du gestionnaire de réseau de distribution allemand EWE, a déclaré lors de la conférence Eurelectric que les compteurs intelligents en Allemagne ne présentaient pas de rentabilité positive. Par ailleurs, les pays qui se sont lancés dans l’installation de compteurs intelligents, comme le Royaume-Uni, se sont heurtés à des obstacles pour terminer le déploiement, car certains compteurs ne pourraient plus fonctionner si le consommateur décide de changer de fournisseur d’énergie.
Le porte-parole de la Commission a pour l’instant refusé de commenter l’avis des industriels sur la nécessité, ou non, des compteurs intelligents dans la transition vers des réseaux intelligents. Les États membres devraient quant à eux mener leur propre analyse coût-bénéfice pour le lancement des compteurs intelligents au niveau national, a-t-il tout de même indiqué.