Les liens avec les risques de cancers de la peau sont connus de longue date. Le nombre de nouveaux cas de cancers cutanés a plus que triplé dans la période 1980-2005. C’est l’un des cancers qui a le plus augmenté ces dernières années, et cette progression se poursuit. Les carcinomes représentent 90 % des cancers cutanés diagnostiqués en France. Moins fréquents, les mélanomes sont les plus dangereux, du fait de leur fort potentiel métastasique.
14 325 nouveaux cas de mélanomes ont été recensés en 2015 en France, et 1 773 morts, selon les chiffres de l’Institut national du cancer.
Depuis 2009, le Centre international de recherche sur le cancer( CIRC) , qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé, a classé l’ensemble des spectres des rayons UV et les appareils de bronzage comme « cancérogènes certains ». De même, les dermatologues alertent sur « le soleil en boîte » depuis la fin des années 1990, littérature scientifique à l’appui.
Les chiffres sont sans appel : « 382 cas de mélanomes pouvaient être attribués à l’exposition aux appareils de bronzage », pointe l’avis de l’Anses. Le risque de développer un mélanome pour les personnes ayant eu recours au bronzage artificiel au moins une fois avant l’âge de 35 ans est augmenté de 59 %. 43 % des cas de mélanome chez les jeunes peuvent être attribués à une utilisation des cabines avant 30 ans, ajoute l’Anses. Deux études épidémiologiques récentes réalisées aux Etats-Unis et en Norvège ont conforté ces niveaux de preuve.
En outre, les UV artificiels provoquent d’autres effets indésirables, comme un vieillissement de la peau, dont les experts estiment qu’il pourrait être quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu’avec le soleil. En réalité, le bronzage en cabine colore la peau plus qu’elle ne la bronze. Autre inquiétude de l’agence, alors que la réglementation interdit ces cabines aux mineurs, « les contrôles montrent qu’il y a encore une fraction non négligeable des moins de 18 ans qui le pratiquent, et plus on s’expose tôt plus le risque est élevé », souligne Olivier Merckel, directeur de l’unité des risques physiques à l’Anses.
« Aucune valeur limite d’irradiance ou de dose ne peut être fixée pour protéger les utilisateurs », ajoute encore le rapport. En 2016, 63 % des 982 cabines contrôlées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes s’étaient révélées non conformes en raison de manquements à la sécurité ou de non-respect de la réglementation, qui interdit la publicité et les promotions.