Le sommet sur la Biodiversité à Nagoya, qui vient de se tenir en octobre 2010 au Japon n’a montré que quelques avancées, beaucoup d’incertitudes et peu de contraintes.
Cent quatre-vingt- treize pays ont ratifié à Nagoya un plan stratégique en 20 points permettant de freiner le rythme alarmant de la disparition des espèces pour 2020. Cependant on peut une nouvelle fois constater que les Etats-Unis ont encore refusé de ratifier ces accords.
Les négociations de Nagoya ouvrent de nouvelles potentialités de protections des espèces par l’augmentation des zones protégées terrestres de 17% et surtout par une forte augmentation de la protection des zones maritimes qui passent de 1% actuellement à 10%. Il faut espèrer que cette mesure très importante sur les zones maritimes va remettre en question certains processus de négociation sur la pêche.
Toutefois les accords concernant les relations commerciales et scientifiques entre les pays du Sud qui possèdent une grande partie des ressources biologiques issues de la faune et de la flore et les pays du Nord qui possèdent les industries et qui déposent la quasi-totalité des brevets est une avancée majeure pour mettre fin à la biopiraterie mais cependant plusieurs problèmes persistent malgré cette avancée : la rétroactivité n’a pas été reconnue.
Ce sont les agences nationales qui seront chargées de délivrer les autorisations de protection car le protocole réaffirme « le droit souverain des états sur leurs ressources naturelles ». De ce fait, les peuples indigènes estiment ne pas avoir été écoutés une fois encore puisque la question de la protection de leurs savoirs traditionnels est remise entre les mains des Etats.
De nombreuses failles restent perceptibles qui sont autant de « portes de sortie » pour ne pas respecter les engagements pris.
Les deux principales failles sont d’une part que cet accord n’est pas très contraignant et qu’aucune sanction ne soit prévue pour celui qui ne respecte pas ses engagements et, d’autre part, que le texte pourtant très technique comprend de nombreux passages pouvant faire l’objet d’interprétations différentes.
De plus, le financement des pays en voie de développement n’est pas très explicite et bien en deçà de ce qui avait été prévu. Si l’assurance que les fonds seront débloqués en 2012 une fois les objectifs identifiés a été certifiée, tout démontre que l’on compte sur des fonds qui ne semblent pas exister pour l’instant. En dehors des engagements bilatéraux de la Belgique et du Japon, la manière dont sera financée les mesures adoptées reste très floue.
La France a consenti à verser 500 millions d’euros par an à partir de 2013. Ces fonds seraient pris sur l’aide publique au développement qui est, avec 100 millions aujourd’hui, très inférieur aux engagements pris à Rio en 1992.
On peut donc en conclure que les décisions prises à Nagoya ne sont pas à la hauteur des enjeux qui sont pourtant de plus en plus urgents. Cependant, ces mesures auront toutefois permis de consolider l’ONU à quelques mois de Cancun