L’Institut de veille sanitaire (INVS)publie des projections de l’incidence et de la mortalité par cancer en France pour l’année 2011. Le nombre de cancers ne cesse d’augmenter.
Ces projections 2011 réalisées à partir des données des registres de cancer jusqu’en 2006 et des données nationales de mortalité par cancer observées jusqu’en 2008 reposent sur différents scénarios de modélisation statistique pour chaque type de cancer.
Elles indiquent une hausse du nombre de nouveaux cas de cancer. Chez l’homme il est prévu 207 000 nouveaux diagnostics de cancer (incidence) en France métropolitaine. Cette estimation est de 158 500 chez la femme.
Avec 71 000 nouveaux cas, le cancer de la prostate reste de loin le cancer le plus fréquent chez l’homme avant le cancer du poumon (27 500 cas) et le cancer colorectal (21 500 cas).
Chez la femme, le cancer du sein est le plus fréquent avec 53 000 nouveaux cas devant le cancer colorectal (19 000 cas) et le cancer du poumon (12 000 cas) ce dernier est en hausse constante.
Ces projections sont calculées à partir de données issues d’un partenariat entre l’InVS, l’Institut national du cancer (INCa) et d’autres. Elles sont basées sur les données des registres de cancer jusqu’en 2006 et les données nationales de mortalité par cancer observées jusqu’en 2008.
“Nous assistons à une stabilisation du nombre de cancers du sein diagnostiqués, que l’on peut expliquer de deux façons”, précise Arlette Danzon, médecin de santé publique et responsable de l’unité cancer à l’InVS. “La première hypothèse concerne une moindre prescription de traitement hormonal substitutif chez les femmes ménopausées. La seconde est en lien avec la généralisation du dépistage, en 2004, qui a provoqué dans un premier temps une augmentation du nombre de cas par rattrapage“. En d’autres termes, de nombreux cancers ont alors été découverts, ce qui a artificiellement augmenté l’incidence de cette maladie pendant quelques années.
Nouvelles rassurantes de France
Un tel phénomène a déjà été observé aux États-Unis. L’incidence du cancer du sein y avait augmenté dans les années 1980 et 1990 en raison du développement du dépistage par mammographie et à cause des hormones. Puis une baisse a été observée à partir de 2002, notamment à la suite de la publication des résultats de la grande étude Women’s Health Initiative (WHI) qui avait confirmé un risque accru de cancer du sein et de l’ovaire avec les traitements hormonaux. Mais une récente étude indique que cet effet positif n’a, malheureusement, pas duré.
Concernant la mortalité en France, les nouvelles sont plutôt rassurantes : certes, le cancer du sein devrait être encore responsable de 11 500 décès en 2011, mais ce taux ne cesse de diminuer dans notre pays depuis près de 15 ans. “C’est logique”, continue le Dr Danzon : “Plus les diagnostics sont réalisés précocement, plus les traitements ont de chances d’être efficaces et plus le risque de décès diminue.” Il faut aussi y ajouter les progrès réalisés dans le domaine thérapeutique. Quant au cancer colorectal, il devrait faire 8 300 victimes cette année.
Mais le principal sujet de préoccupation des spécialistes reste la constante augmentation du nombre de cancers du poumon chez la femme. Il devrait atteindre 12 000 patientes cette année et en tuer 8 100. Certes, ces projections sont encore bien inférieures à celles établies pour les hommes (27 500 cas et 21 000 décès), mais la différence tend à diminuer avec le nombre croissant de femmes qui fument.