À la COP26, les États sont enfin parvenus à un accord sur l’article 6 de l’Accord de Paris, régissant les marchés carbone: un dossier qui patine depuis six ans. C’est la création d’un marché mondial du carbone qui est en jeu.”C’est la première fois que les pays arrivent à dialoguer sur l’article 6.
Le texte négocié à Glasgow a permis d’exclure le risque de double-comptage, encore défendu ardemment par certains pays, qui permettait de compter deux fois une réduction d’émissions de gaz à effet de serre. C’est la mise en œuvre même du traité signé en 2015 qui était en jeu car c’était l’un des articles les plus importants qu’il restait à finaliser. Ainsi, un pays qui a dépassé ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pourrait vendre son excédent à un pays qui n’y est pas parvenu. Dans le second cas, un porteur de projet de compensation carbone soumettrait sa candidature à l’organe de contrôle des Nations-Unies.
La plus grande avancée est d’avoir réussi à écarter le risque de double-comptage – à l’origine des blocages – qui permettait à une tonne de CO2 d’être comptabilisée à la fois par l’acheteur et le vendeur. Pour se prémunir d’abus éventuels, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a annoncé pendant la COP26 le lancement d’un groupe d’experts pour évaluer les engagements de neutralité carbone des acteurs non-étatiques.
D’après les calculs d’Oxfam, pour éliminer les émissions de carbone dans le monde afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 à partir de la seule utilisation des terres, il faudrait planter au moins 1,6 milliard d’hectares de forêts, soit l’équivalent de cinq fois la superficie de l’Inde ou plus que la totalité des terres arables de la planète. Les règles excluent également l’utilisation des crédits générés par la “déforestation évitée”, dans le cadre du programme REDD+, régulièrement critiqué. Selon l’Onu, les engagements actuels vont entraîner une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de 16 % d’ici 2030, alors qu’il faudrait les réduire de 45 % pour respecter l’objectif 1,5°C. Cela nous mène vers un réchauffement de 2,7°C. Si on prend en compte les engagements de neutralité carbone récents, notamment ceux de l’Inde et de la Chine, nous pourrions être autour de 1,9°C de réchauffement, dans le meilleur des scénarios, selon le Climate Resource.