Marc-André Selosse, biologiste, professeur du Muséum national d’histoire naturelle, propose une série de mesures pour prévenir les catastrophes et déclare : « Face aux inondations et aux sécheresses, nos sols sont une solution ».
Devant le constat totalement assumé :
- Des inondations du Nord au Sud, d’Ouest en Est apportant désarroi et pertes économiques.
- Des océans de plus en plus chauds (la mer Méditerranée en fait partie), avec une évaporation plus grande dans une atmosphère dont le réchauffement augmente la capacité en vapeur d’eau, apportant plus de précipitations très abondantes, voire extrêmes.
- Des sécheresses de grande envergure et récurrentes, tout aussi problématiques, comme dans les Pyrénées-Orientales.
Ce qui naturellement est la conséquence de changements climatiques qui s’intensifient.
Or ce que nous apporte ce chercheur comme information capitale : nous ne pensons pas suffisamment à protéger les sols et pourtant ce sont des ressources incommensurables. Sous une surface d’un mètre carré, le sol peut retenir de 40 à 500 litres d’eau ; de vraies réserves d’eau pendant la sécheresse, de vraies éponges en période d’inondations. C’est aussi l’occasion également de déconstruire la fausse bonne idée du labour en agriculture et de faire la part belle aux microbes qui constituent notre monde et nos sols. « Nous gérons aujourd’hui les conséquences des progrès d’hier et la science nous donne des éléments pour voir ce qu’il se passe » explique-t-il. « La science ne sait ni n’explique tout, mais elle explore patiemment ».
Il ajoute « les trous du sol sont ceux de la vie : terriers de vers de terre ou d’insectes, creusement par le déplacement de petits organismes unicellulaires, racines ou filaments de champignon qui meurent en laissant un vide… Or, la vie s’effondre dans beaucoup de sols agricoles ».
L’urbanisation et les techniques de l’agriculture intensive ont réduit la capacité des sols à jouer leur rôle de capteur l’eau. Au-delà de la protection contre les crues, il s’agit désormais de « mieux gérer les conséquences des inondations, par l’urbanisme ». Nous avons besoin d’une interdisciplinarité qui mêle mieux les points de vue pour être plus agiles dans cette transition nécessaire.
« Le sol, cet inconnu qui nous veut du bien ». Une plongée dans un univers méconnu et pourtant déterminant pour la vie sur Terre : celui de la microbiologie des sols. Son livre L’Origine du monde (Actes Sud, 2021).