Chaque seconde, dix climatiseurs sont vendus dans le monde. En 2017, le nombre de climatiseurs fonctionnant dans le monde était estimé à 1.6 milliard, dont 50% rien que pour les États-Unis et la Chine.
Qui n’a jamais rêvé, quand la chaleur devient étouffante, de brancher le climatiseur pour profiter d’une brise de fraîcheur ? Alimentée par les canicules à répétition, cette tentation n’a rien d’anodin : l’air conditionné change les modes de vie des pays où il s’implante.
En 2050, on en comptera près de six milliards. Inventé en 1902 par l’ingénieur américain Willis Carrier, le climatiseur a profondément modifié nos sociétés contemporaines. L’industrie culturelle, d’abord, en accompagnant l’âge d’or du cinéma hollywoodien. Quand il fit son apparition, au début du XXe siècle, l’air conditionné ne visait pas le confort des humains, mais la préservation des marchandises. Les entreprises se sont ensuite équipées en masse, la climatisation étant réputée entre autre d’augmenter la productivité des salariés.
S’il a fallu attendre les années 1950 pour que les climatiseurs entrent dans les ménages américains, ils représentent aujourd’hui, aux Etats-Unis, une dépense énergétique équivalente à celle du continent africain tout entier. Or cette dépendance a un coût écologique considérable, à la fois en termes d’émissions de gaz à effet de serre, du fait des fluides réfrigérants utilisés par les climatiseurs, et en termes de consommation énergétique. L’air conditionné représente chaque année 6 % de l’électricité produite aux États-Unis, bien souvent grâce au charbon, et 20 % de la facture résidentielle.
Les solutions de climatisations sont un véritable fléau pour l’environnement
Avec le phénomène du réchauffement climatique, les records de chaleurs sont enregistrés chaque année dans toutes les parties du globe. On comprend donc que la demande en air conditionné augmente elle aussi.Le paradoxe, c’est que si les climatiseurs permettent de moins souffrir des effets du réchauffement climatique, ils contribuent directement à le renforcer. Les fluides réfrigérants qui sont utilisés dans ces installations sont les premiers en cause. En effet, ces produits émettent des gaz à effet de serre. La dépense énergétique importante nécessaire pour faire tourner ses appareils est l’autre effet négatif sur l’environnement.
L’Agence internationale de l’énergie prévoit que l’augmentation de la consommation d’énergie utilisée pour la climatisation augmentera de 90% d’ici à 2050. Il s’agit ici d’un marché en pleine expansion : la demande mondiale a triplé de 1990 à 2016, tandis que la consommation actuelle d’électricité des climatiseurs représente 10% de la demande mondiale d’électricité.
Se rappeler que les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation, souvent mal gérés, représentent parmi les postes les plus importants de consommation d’énergie et d’émissions carbone des bâtiments.
Indispensables à l’activité numérique actuelle, les gigantesques centres de données répartis aux quatre coins de la planète sont de véritables exemples de génie climatique, où les ingénieurs font tout pour garder à moins de 20°C les millions de composants informatiques qui dégagent de la chaleur. Google, par exemple, utilise une intelligence artificielle pour gérer au mieux la climatisation de ces gigantesques centres de données.
Si les grandes sociétés informatiques font cependant de plus en plus attention à faire appel à des technologies plus douces pour l’environnement, les chiffres liés à la consommation de ces centres restent tout de même préoccupants : on estime qu’ils sont responsables de 1.5% de la consommation énergétique mondiale et de 2% des émissions carbone.