Obsolescence programmée pour les produits hight tech ?

Greenpeace a réalisé des tests sur une quarantaine de téléphones, tablettes et ordinateurs portables parmi les plus vendus sur le marché entre 2015 et 2017 en collaboration avec iFixit, une société américaine spécialisée dans la réparation high-tech,

Aujourd’hui le téléphone portable se décline en mobile et en smartphone. Ce dernier est le gadget high-tech le plus populaire au monde. Selon une enquête sur la diffusion et l’usage des technologies de l’information dans la société française réalisée par le CRÉDOC en 2015, le taux d’équipement des ménages en smartphones est de 58% et en téléphones mobiles de 92%. Le téléphone portable est devenu un micro-ordinateur portable, si bien que seulement 17% des interrogés l’utilisent pour téléphoner, son usage premier. 52% naviguent sur internet, 45% consultent leur courriels, 44% téléchargent des applications, 26% l’utilisent pour se géolocaliser et 25% communiquent via textos ou MMS. Le téléphone portable est devenu une véritable addiction puisque 68% des interrogés déclarent se connecter sur leur téléphone portable en surfant sur la toile ou sur les réseaux sociaux tous les jours.

Les smartphones, malgré leurs prix exorbitants, sont loin d’être robustes. C’est parce qu’ils sont principalement composés de verre, un matériau très fragile. Bien que des types de verre plus résistants aient été mis au point ces dernières années, les fissures continuent de zébrer nos écrans.  En réalité, la plupart des téléphones de dernière génération sont équipés d’écrans « bord à bord » qui encerclent la totalité de l’appareil, le rendant plus fragile. Rares sont les fabricants qui fournissent à leurs clients des informations sur la possibilité de réparer leurs appareils. Sur les 17 marques testées, seules trois (Dell, Fairphone et HP) se pliaient à cet exercice.

En 2016, selon le CRÉDOC, 65% des français étaient équipés d’un smartphone ; ce chiffre atteignant 95% chez les 18-24 ans. Selon GFK, 20,2 millions de smartphones ont été vendus en France en 2016 contre seulement 18,2 millions en 2014. Parmi ces chiffres, les téléphones mobiles ne sont pas comptabilisés, mais sont en forte diminution. Selon l’IDC, 1,5 milliards de smartphones ont été livrés en 2016 dans le monde entier. En 2021, la vente prévisionnelle s’élèvera à 1,7 milliards soit une augmentation probable des ventes d’environ 20%. Fin décembre 2016, selon l’Arcep, 73 millions de cartes SIM ont été comptabilisées (hors M2M) en France, pour 70,6 millions de cartes actives.

La fabrication d’un téléphone est gourmande en ressources et en énergie. Un téléphone est constitué pour moitié de plastiques divers et de métaux, dont certains précieux. Par exemple, un appareil contiendrait en moyenne 1 g d’or. Il contient aussi de l’or gris, du tantale, excellent conducteur électrique, obtenu à partir du coltan, minerai dont l’extraction provoque des tensions en Afrique – continent qui abrite 80% des réserves mondiales, notamment en République Démocratique du Congo.

Nos gadgets électroniques sont à l’origine de nombreux impacts environnementaux, de l’extraction des matières premières à la mise au rebut de produits chimiques dangereux, en passant par les processus de fabrication énergivores. Pour réduire ces impacts, il faut impérativement que les industriels mettent au point des modèles qui durent plus longtemps et qui peuvent être réparés.
Une étude du cabinet AT Kearney sur l’impact environnemental de la téléphonie mobile en 2009 a révélé que la consommation en énergie d’une heure de conversation téléphonique équivaut à celle d’une machine à laver le linge à 40°C. Ou encore l’émission de CO2 de la totalité des téléphones portables en circulation dans le monde s’élève à 40 millions de tonnes, soit l’équivalent de 2,5 millions d’automobiles de petite cylindrée.

Arrêtez de jeter, les smartphones d’occasion font un tabac ! Selon Deloitte, 120 millions de smartphones usagés se sont échangés dans le monde en 2016 contre 80 millions en 2015. Encore mieux, le marché des smartphones d’occasion devrait augmenter de 4 à 5 fois plus vite que le marché total du smartphone, et devrait représenté 7% des ventes en 2017 (contre 4% en 2014). Aujourd’hui la plupart des opérateurs et certains distributeurs pratiquent la collecte des téléphones usagés. Cette collecte permet la remise en service d’appareils réparables ou encore utilisables à destination de pays émergents. Les appareils hors-service peuvent être recyclés, c’est à dire que l’on récupère ou réutilise les matières premières.

Le « Fairphone », un smartphone crée par une entreprise hollandaise en 2010, répond à plusieurs enjeux. Il vise à améliorer les conditions environnementales et sociales dans la chaîne de production. L’origine des minerais utilisés pour la fabrication est donc contrôlée, ce qui n’est pas chose aisée car très souvent sources de conflits, notamment en République centrafricaine, Colombie et République démocratique du Congo. Enfin, l’entreprise hollandaise lutte contre l’obsolescence programmée du système d’exploitation, des mises à jour sont toujours actualisées. Le téléphone est facilement démontable et ses pièces détachées sont toutes remplaçables. Le Fairphone n’est malheureusement pas éternel et une fois sa durée de vie atteinte, sur les dizaines de minerais contenus dans le produit, seulement 17 sont recyclables.

Jetez aussi un coup d’œil à l’étiquetage environnemental développé par Orange avec le WWF composé de 5 indicateurs : limitation du CO2 (l’émission de dioxyde de carbone émis pendant les phases de fabrication), efficacité énergétique, préservation des ressources naturelles, recyclabilité, conception éco-responsable. La petite « étiquette verte » Orange, qui est en réalité noire et orange, indique en outre le DAS (voir ci-dessus) en W/kg. On regrette juste que l’étiquette ne porte pas sur toute l’offre de portables de l’opérateur et qu’on la trouve à la rubrique « développement durable » du site d’Orange et non sur les fiches techniques des appareils vendus dans sa boutique en ligne…

Ne jetez pas un téléphone hors d’usage (ou passé de mode) avec les ordures ménagères :
Déposez-le dans un point de collecte : auprès d’un point de vente de votre opérateur: Réutiliser, Réduire et Recycler est la stratégie des 3R appliquée par l’entreprise, qui ne s’arrête pas aux téléphones portables, et récupère également les ordinateurs portables, les consoles de jeux, les tablettes tactiles ou les lecteurs MP3.
Pour faire durer une batterie plus longtemps, laissez-la se vider complètement au moins une fois par mois. Si possible, ne la rechargez pas avant de voir apparaître le signal de « batterie faible ». Mettez votre téléphone en mode avion pour le recharger plus rapidement et ainsi économiser de l’électricité.

www.greenpeace.fr/obsolescence-programmee-lautre-virus-secteur-it/

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