Le scénario a de quoi nous inquiété. Le professeur émérite de l’université de Cambridge Peter Wadhams affirme que l’océan Arctique pourrait voir l’intégralité de sa glace de mer disparaître d’ici à l’été 2017, voire dès l’automne 2016. Parler de « première » est de circonstance tant ce phénomène n’avait plus menacé cette vaste étendue d’eau salée depuis une éternité : entre 100 000 et 120 000 ans, d’après l’expert anglais !
Directeur du département de physique de l’océan polaire (Polar Ocean Physics Group), il a asséné dimanche cette prophétie au journal The Independent après que les récentes analyses d’un grand institut de recherches américain ont confirmé le sombre scénario qu’il avait déjà présagé quatre ans plus tôt. Membre du comité scientifique de l’Agence européenne pour l’environnement à Copenhague, Peter Wadhams précise : « Même si la banquise ne s’évapore pas entièrement, je suis convaincu que sa surface n’atteindra même pas 3,4 millions de kilomètres carrés [soit le précédent record de 2012, NDLR]. Je maintiens que sa superficie est en passe de descendre sous la barre du million de kilomètres carrés au mois de septembre de cette année. » Le chercheur s’appuie à la fois sur le recul de la couverture de glace dans l’hémisphère nord et sur les chiffres du National Snow and Ice Data Center (le Centre national de données sur la neige et la glace des États-Unis).
Véronique Dansereau en post-doctorat au laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement de Grenoble (LGGE), partage le pessimisme de son confrère britannique. « On est sur une tendance négative. Il a raison de mettre l’accent sur 2016. L’hiver a montré qu’on était bien en deçà de la superficie de septembre 2012 », explique la jeune femme auteur d’une thèse sur la modélisation de la glace de mer.