Bisphénol A : nouvelle alerte pour les femmes enceintes
Publié le 9 avril 2013 dans © Enviro2B et dans le Monde
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, l’Anses, lance une nouvelle alerte au sujet du bisphénol A. Cette alerte s’adresse tout particulièrement aux femmes enceintes, le bisphénol A étant particulièrement dangereux pour les bébés qu’elles portent.
Dans son dernier rapport, “évaluation des risques sanitaires associés au bisphénol A“, l’Anses renouvelle ses recommandations à l’attention des femmes enceintes vis à vis du bisphénol A.
Reconnu aujourd’hui comme étant un perturbateur endocrinien, le bisphénol A doit tout particulièrement être évité par les femmes enceintes afin de préserver la santé future des bébés qu’elles portent.
De toutes les substances chimiques de synthèse capables d’interférer avec le système hormonal (” perturbateurs endocriniens “), le BPA est celle qui entre dans la composition du plus grand nombre d’objets (plastiques, conserves, canettes, amalgames dentaires, etc.) ; il imprègne l’ensemble de la population occidentale.
Au delà des effets déjà connus sur la fertilité, dans son communiqué, l’Anses évoque également des risques accrus pouvant se révéler dans l’enfance ou à l’âge adulte, de cancer du sein.
“Les effets identifiés portent sur une modification de la structure de la glande mammaire chez l’enfant à naître qui pourrait favoriser un développement tumoral ultérieur“, explique l’agence.
Alimentation,Canettes, conserves et fontaines à eau.
Si les biberons contenant du bisphénol A sont déjà retirés du marché, ainsi que les contenants alimentaires destinés aux enfants de moins de trois ans contenant cette substance, les femmes enceintes peuvent néanmoins être facilement confrontées au BPA, notamment par le biais de leur alimentation. Selon l’Anses, la première source d’exposition est de loin l’alimentation, qui contribue à quelque 84 % de l’exposition de la femme enceinte au BPA. Environ la moitié de l’exposition totale provient des résines époxy qui gainent l’intérieur des boîtes de conserve. Les eaux en bonbonne sont un risque additionnel. Les sources d’environ 25 % à 30 % de la contamination des aliments consommés (en particulier des produits animaux) n’ont pas pu être déterminées : elles demeurent énigmatiques.
D’autres risques (troubles du comportement, défauts de l’appareil reproducteur femelle, obésité) pour l’enfant à naître ont été évalués comme ” négligeables ” pour la population générale, mais ne sont pas exclus pour certaines catégories. Mais aussi des risques pour la prostate, la thyroïde, la fertilité masculine, etc. -, avérés ou suspectés sur l’animal, n’ont pu être évalués par les experts, faute de données suffisantes. ” Ces risques ne sont pas pour autant exclus “, dit-on à l’Anses.
La mesure de BPA dans l’air à l’intérieur des habitations, les poussières, l’alimentation, l’eau, les tickets de caisse, etc. a permis à l’agence d’évaluer cette exposition. Dans 23 % des situations, les femmes enceintes sont potentiellement exposées à des taux de BPA présentant un risque accru de cancer du sein pour l’enfant à naître. Ce taux de 23 % ne peut être directement extrapolé, mais il rend plausible le fait qu’entre un cinquième et un quart des femmes enceintes ont un taux d’imprégnation au BPA excédant une valeur de référence calculée par les experts de l’Anses. Fait notable : pour demeurer en deçà de ce seuil d’imprégnation, la dose journalière admissible établie par l’Autorité européenne de sécurité des aliments devrait être réduite de plusieurs milliers de fois…
L’Anses attire également l’attention des vendeuses et caissières qui manipulent du papier thermique pouvant contenir du bisphénol A.
L’Anses a ainsi également étudié les alternatives au BPA. Elle s’est appuyée pour cela sur son inventaire des alternatives au BPA publié en février 2012, recensant 73 substances. Cet inventaire, qui n’est ” probablement pas exhaustif “, comporte notamment les résultats d’un appel à contributions lancé en 2011 sur les ” effets sanitaires, usages et substitutions du BPA “.
Parmi ces alternatives, certaines ” sont actuellement utilisées sur les marchés européen et non européen alors que d’autres n’en sont encore qu’à un stade de recherche et développement “, note l’agence, mais il n’en existe aucune qui pourrait remplacer le BPA dans tous ses usages.
Au vu des données disponibles sur la toxicité, l’Anses constate que ” même si la plupart de ces composés chimiques ont été (pré) enregistrés sous Reach – registre européen des substances chimiques autorisées -, ceux-ci n’ont pas pour autant fait l’objet d’essais complets dans le domaine de la toxicologie, notamment vis-à-vis de la reproduction et/ou de leur caractère de perturbateurs endocriniens “.
L’Anses a passé en revue les autres composés de la famille des bisphénols. Outre le BPA, elle comporte en effet le Badge (BPS diglycidyl ether) et les bisphénols B, F, S et M. ” L’analyse des données disponibles montre que la structure chimique commune aux composés de la famille des bisphénols leur confère des propriétés oestrogéniques “, mimant l’action d’hormones féminines, précise l’Anses. Tout ce qu’il faut pour faire un perturbateur endocrinien.