Une étude relayée par le quotidien du médecin montrerait des effets nocifs des particules de dioxydes de titane nanométriques.
Une étude publiée dans « Biomaterials », une revue du groupe Elsevier, suggère qu’une exposition chronique aux nanoparticules de dioxyde de titane (nano-TiO2) « pourrait entraîner leur accumulation dans le cerveau avec un risque de perturbation de certaines fonctions cérébrales ».
L’étude, disponible en ligne, a été réalisée par un groupe de chercheurs français du CEA et de l’université Joseph-Fourier de Grenoble. Grâce à un modèle cellulaire, utilisé par l’industrie pharmaceutique pour tester les candidats médicaments lors d’études précliniques, Émilie Brun et col. ont montré qu’une exposition aiguë et/ou chronique in vitro aux nano-TiO2 entraînait leur accumulation dans les cellules endothéliales cérébrales. Ces nanoparticules altèrent en effet la barrière hémato-encéphalique, structure essentielle pour la protection du cerveau, et provoquent une inflammation cérébro-vasculaire.
Les chercheurs ont également observé une diminution de l’activité de la P-glycoprotéine, une protéine présente dans les cellules endothéliales et dont le rôle est de bloquer les toxines susceptibles de pénétrer le système nerveux central.
C’est en s’interrogeant sur les résultats d’une étude chez le rat qui avait montré que des nano-TiO2 instillées par voie nasale étaient détectées dans le cerveau, principalement dans l’hippocampe et le bulbe olfactif, que les chercheurs ont développé leur modèle.
Comment des nanoparticules pouvaient-elles se retrouver dans le cerveau, alors que ce dernier est normalement protégé des éléments toxiques par la barrière hémato-encéphalique ? Le modèle qu’ils ont alors développé pour répondre à la question présente les principales caractéristiques de la barrière in vivo, y compris humaine, en associant deux types de cellules : des cellules endothéliales cultivées sur une membrane semi-perméable et des cellules gliales. D’où leur crainte d’un effet in vivo chez l’homme.
Les nanoparticules de dioxyde de titane sont produites à l’échelle industrielle et sont utilisées dans de nombreux produits, comme des peintures, des cosmétiques (protections solaires) ou des systèmes de dépollution (revêtements autonettoyants).
Réf: In vitro evidence of dysregulation of blood–brain barrier function after acute and repeated/long-term exposure to TiO2 nanoparticles
Emilie Bruna, b, Marie Carrièreb, c, Aloïse Mabondzoa, Corresponding Author Contact Information, E-mail The Corresponding Author Purchase
a) CEA, Direction des Sciences du Vivant, iBiTec-S, Service de Pharmacologie et d’Immunoanalyse, F91191 Gif-sur-Yvette, France
b) Laboratoire Structure et Dynamique par Résonance Magnétique, SIS2M UMR3299 CEA-CNRS, F91191 Gif-sur-Yvette, France
c) Laboratoire Lésions des Acides Nucléiques, SCIB UMR-E3 CEA-UJF Grenoble 1, INAC, F38054 Grenoble Cedex 9, France