Utilisé depuis plus de quarante ans, le glyphosate entre dans la composition de pas moins de 750 produits commercialisés par une centaine de sociétés dans plus de 130 pays. Le glyphosate, tombé dans le domaine public au début des années 2000, est commercialisé par de nombreuses sociétés agrochimiques ; il est le pesticide le plus utilisé dans le monde.
Entre 1974, date de sa mise sur le marché, et 2014, son usage est passé de 3 200 tonnes par an à 825 000 tonnes. Une augmentation spectaculaire qui est due à l’adoption massive des semences génétiquement modifiées qui sont tolérantes au glyphosate. C’est aussi le leader de l’industrie agrochimique.
Le 20 mars 2015, ce jour-là, le CIRC annonce les conclusions de sa « monographie 112 ». . Au contraire de la majorité des agences réglementaires, le CIRC juge génotoxique –c’est à dire qu’il endommage l’ADN –, cancérogène pour l’animal et « cancérogène probable » pour l’homme le pesticide le plus utilisé de la planète. Ce pesticide, c’est le glyphosate, principal composant du Roundup, le produit phare de l’une des entreprises les plus célèbres : Monsanto.
A l’exception du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui a classé le glyphosate « cancérogène probable » en mars 2015, la plupart des agences réglementaires – comme l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ou encore l’Agence de protection de l’environnement américaine (EPA) – considèrent en effet que la substance ne présente pas de danger cancérogène.
Mais dès 1985, l’EPA avait déjà classe dans un premier temps le glyphosate dans la catégorie « cancérogène possible », en particulier sur la foi de leur étude interne.
Puis c’est en mars 2017que les médias ont commencé à révéler le contenu des « Monsanto Papers », des milliers de pages de documents internes rendus publics par la justice américaine dans le cadre de procès en cours. Ces « Monsanto Papers » ont joué un rôle déterminant dans la condamnation de la firme, ce vendredi 10 août, par la justice californienne. Ils avaient mis en lumière un profond hiatus entre les avis rassurants de la plupart des agences réglementaires et la connaissance que la firme a de son produit phare.
La société Monsanto a été condamnée par la justice californienne, ce vendredi 10 août, à verser 289,2 millions de dollars (248 millions d’euros) à un jardinier américain , de 46 ans et père de deux enfants, il est, selon ses médecins, en phase terminale d’un cancer du système lymphatique, qu’il attribue à son exposition à des herbicides – Ranger Pro et Roundup Pro – contenant du glyphosate et commercialisés par la firme agrochimique. La société a fait appel au jugement mais 4000 autres procédures semblables sont en cours aux USA. Affaire à suivre !