Ce 29 avril, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie dans un rapport ses recommandations pour lutter contre l’antibiorésistance: freiner la progression de ce grave fléau dans les années à venir. Actuellement, on estime 700 000 victimes qui décèdent chaque année des suites d’une maladie résistance aux antibiotiques, dont 230 000 de la tuberculose.
Déjà à la fin 2015, l’Organisation mondiale de la santé a créé le GLASS, programme international de surveillance de la résistance aux antibactériens, auxquels participent une cinquantaine de pays (dont la France ne fait pas partie) [1]. Les premiers constats dressés, portant sur 22 pays, sont inquiétants.
Le réseau de surveillance rapporte les cas de bactéries résistantes (à au moins un antibiotique d’usage courant) chez des personnes suspectées d’une infection sanguine. Si dans certains pays, aucun cas n’est identifié, la part de patients antibiorésistants peut dépasser les 80%.
“Les taux de résistance à la pénicilline, médicament utilisé depuis des décennies pour traiter la pneumonie partout dans le monde, vont de 0% à 51% dans les pays ayant notifié des données”, détaille l’OMS. De plus, dans les cas où une infection par Escherichia coli est identifiée, “entre 8% et 65% des bactéries présentent une résistance à la ciprofloxacine, un antibiotique couramment utilisé contre ces infections”.
Les bactéries résistantes les plus souvent signalées dans le premier rapport du GLASS [2] sont Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Staphylococcus aureus et Streptococcus pneumoniae, suivies de Salmonella spp.
“Certaines des infections les plus courantes, et potentiellement les plus dangereuses, s’avèrent résistantes aux médicaments”, commente le Dr Marc Sprenger, directeur du secrétariat chargé du problème de la résistance aux antimicrobiens à l’OMS.
Ce 29 avril, l’OMS relaie un rapport demandant « des actes immédiats, coordonnés et ambitieux pour éradiquer la résistance antimicrobienne », détaille le Groupe de coordination inter-institutions des Nations Unies sur la résistance aux antibiotiques, à l’initiative de ce document. L’OMS souhaite réunir la santé de l’Homme, de l’animal et l’environnement autour d’un même axe de réflexion.
Des recommandations, comme mettre en place des systèmes de veille et de régulation « pour un usage responsable et prudent des molécules antimicrobiennes »et surtout réguler en priorité l’usage des antibiotiques dans le secteur agricole : car ces agents sont utilisés pour stimuler la croissance des plantes.
1)GLASS regroupe actuellement 25 pays à revenu “élevé”, 20 pays à revenu “intermédiaire” et 7 pays à revenu “faible”. Les données présentées portent sur les 22 pays ayant déjà fourni des données sur leurs niveaux d’antibiorésistance.
2)L’OMS précise que le GLASS exclut la recensement des cas de résistance de Mycobacterium tuberculosis, responsable de la tuberculose, celle-ci faisant l’objet d’un suivi spécifique depuis 1994.