Les instances européennes ont entrepris la refonte du règlement encadrant l’agriculture biologique. Sous couvert d’harmoniser et de rationaliser ce secteur, l’Union européenne pourrait en modifier profondément la nature en allégeant les contrôles, en instaurant des « seuils pesticides » ou encore en autorisant la culture hors-sol.
L’Europe du bio s’apprête à changer de régime. Une nouvelle législation sur l’agriculture biologique est en effet en préparation à Bruxelles, où les représentants de la Commission, du Conseil et de la commission Agriculture du Parlement sont en plein « trilogue ». Cette refonte du règlement cadre CE-834/2007 suscite une vive inquiétude chez les défenseurs du bio, qui craignent une remise en cause des principes fondamentaux sur lesquels s’est construite leur agriculture.
La Commission européenne veut également instaurer un seuil très strict sur les résidus de pesticides présents dans les produits récoltés. Au delà de 0,01 ppm (partie par million), ceux-ci ne pourraient plus être labellisés bio bien qu’évidement ceux ci sont affectés par une présence trop rapprochée de cultures en intensif.
Un autre point inquiète la filière bio, la possibilité de voir s’étendre la culture « hors-sol » (la culture « hydroponique » ou « hors-sol » est réalisée sur un substrat neutre et inerte enrichi de sels minéraux et de nutriments). « Ni la Commission ni le Conseil n’ont fait de proposition pour l’interdire. Chaque pays pourrait avoir sa propre interprétation du lien au sol que doit avoir l’agriculture biologique.
« Le fossé va aller en s’élargissant entre ceux pour qui l’agriculture biologique permet de repenser la logique du rapport à la ferme et à la terre en étant moins dépendant de la chimie et ceux qui veulent faire du fric ! » assène José Bové, membre de la commission Agriculture du Parlement européen.
Entre la négociation du texte, son vote et le temps nécessaire pour « fixer son application, le nouveau règlement ne devrait pas entrer en vigueur avant le 1er janvier 2018
Ces déréglementations font frémir les producteurs en agriculture biologique dans leur majorité. Affaire à suivre!