Les vers de terre représentent entre 50% et 80% de la biomasse animale terrestre : ils pèsent pour plus de la moitié des animaux vivants dans le sol. Il peut y en avoir jusqu’à 3000 kilos par hectare dans une prairie naturelle. L’importance de leur présence dans les sols est fondamentale : ils se nourrissent de matière organique et permettent donc de décomposer les feuilles mortes et les autres débris végétaux. Leurs déjections, qu’on appelle des turricules, sont un formidable engrais naturel. Et les galeries qu’ils creusent en permanence permettent d’aérer les sols et de mieux faire circuler l’eau. Autant de facteurs nécessaires à la richesse des sols. C’est dire combien ils sont essentiels pour avoir une agriculture de qualité, résiliente dans le cadre du changement climatique.
De nombreuses études mettent en évidence combien le labour trop intensif, mais aussi des pesticides de synthèse leur sont nocifs.
Des chercheurs INRAE et leurs collègues ont analysé les sols et constaté la présence d’herbicide, insecticide ou fongicide, présents partout dans les sols des parcelles agricoles, des prairies et des haies, ainsi que dans les vers de terre qui y vivent. Et ce alors que la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires est plus que jamais d’actualité dans une perspective sanitaire et environnementale.
Le profil de contamination des vers de terre différait essentiellement selon le type d’habitat : prélevés sous céréales, ils contenaient plus de pesticides que leurs homologues récoltés sous prairies ou haies. Et les concentrations d’insecticide (imidaclopride), herbicide (diflufénican) et fongicide (cyproconazole) étaient plus élevées que sous prairies ou haies.
Dans 46 % des cas, les cocktails de pesticides présentaient un risque élevé de toxicité chronique pour les vers de terre, que ce soit dans les sols des cultures céréalières traitées ou dans des habitats non traités et communément considérés comme des refuges pour la faune. Un risque susceptible plus largement d’altérer la biodiversité des écosystèmes et d’en modifier les fonctions.
https://www.inrae.fr/actualites/residus-pesticides-sols-terre-realite-omnipresente-insidieuse