La société Alteo, de Gardanne prés d’Aix en Provence, productrice d’alumine qui sert à la fabrication de l’aluminium, pourra finalement rejeter ses effluents liquides résiduels au large du parc national des Calanques ( entre Cassis et La Ciotat dans le canyon de Cassidaigne ) comme précédemment et ce depuis des décennies( plus de 20 millions de tonnes y sont déjà déversés) : le préfet des Bouches-du-Rhône a signé le lundi 28 décembre un arrêté donnant une dérogation pour poursuivre ces rejets encore six ans.
L’entreprise s’était pourtant engagée en 1996 à cesser les rejets en mer au 31 décembre 2015, initiative actée ensuite par un arrêté préfectoral d’interdiction à cette échéance. Le 22 décembre, le Conseil supérieur de prévention des risques technologiques, chargé d’une enquête publique concernant 27 communes, avait déjà rendu un avis favorable aux demandes d’Alteo, malgré les remarques des experts, l’intense mobilisation citoyenne, le refus de plusieurs municipalités et l’opposition de la ministre de l’écologie.
« Il s’agit de rejet d’effluents liquides, chimiques toxiques et radioactifs, a dénoncé Alain Matési, président de l’association CoLLecT-IF environnement. C’est toujours le dossier des boues rouges, même si les rejets n’en ont pas la couleur. Ce n’est pas du tout un traitement mais un prétraitement. C’est transparent, mais une eau claire n’est pas une eau propre. » Les poissons sont bien contaminés par les effluents d’Alteo.
En 2014, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a analysé les chairs de 1.800 échantillons (poissons, mollusques, etc.) pêchés dans deux zones du littoral, l’une contaminée par les rejets de l’usine d’alumine de Gardanne, l’autre pas. Publiés le 21 décembre, les résultats de l’étude ne laissent pas la place au doute: «Pour les principaux éléments traceurs des rejets en lien avec les activités de transformation de minerai de bauxite de l’usine d’Alteo, à savoir l’aluminium, le vanadium et le titane, les tests significatifs concernant le muscle vont toujours dans le sens d’une plus grande contamination dans la zone impactée par le rejet». Pour autant, souligne Marc Mortureux, directeur général de l’Anses, «les travaux soulignent également une problématique de contamination marquée en Méditerranée pour différentes substances dans les deux zones de prélèvement.»
Une dérogation qu’a aussitôt dénoncée Ségolène Royal. « Je désapprouve cette décision. Je n’ai pas du tout changé d’avis, a réagi la ministre. Je pense que c’est une mauvaise décision qui est essentiellement suscitée par le chantage à l’emploi», a-t-elle ajouté. A la fin de novembre, la ministre de l’écologie avait déclaré qu’elle n’était « pas favorable au renouvellement » de l’autorisation de rejet.