En Gironde, département pointé du doigt comme l’un des plus grands utilisateurs de pesticides, les citoyens se mobilisent plus que jamais et les institutions semblent témoigner de manière plus claire de leur volonté d’agir.
A l’Agence Régionale de la Santé (ARS), le directeur de la santé publique Jean Jaouen estime pour sa part que le documentaire Cash investigation n’a rien apporté de nouveau : « nous agissons sur ces questions depuis 2012 auprès de l’INVS, avons organisé des débats publics dès 2013 dans le Limousin et mené plus récemment des analyses de la qualité de l’air.
Suite au 4384 signatures qu’ils ont reçues après la diffusion de Cash Investigation visant à ce que « l’ARS lève le doute sur le lien entre pesticides et cancer pédiatrique« , l’agence entend fournir des réponses dès que les résultats seront disponibles… Il serait temps, quand on sait que les enfants résidant en Gironde connaissent un risque de contracter une leucémie infantile de 20 % supérieur à la moyenne française (chiffres issues d’une étude menée par l’épidémiologiste Jacqueline Clavel, de l’INSERM).
Les collectifs de professionnels comme les parents d’élèves continuent donc de se mobiliser : « Nous avons vécu Cash Investigation comme un point d’orgue des mobilisations que nous menons depuis mai 2014 », confie Emmanuelle Reix, l’une des porte-paroles du Collectif Alerte Pesticides de Léognan. « Cette enquête a enfoncé le clou dans les lieux où les problématiques existaient. Pour ceux qui n’étaient pas au courant ce fut une bonne vulgate », ajoute-t-elle, satisfaite de voir évoluer les pratiques du château dont les parcelles jouxtaient le terrain de sport de l’école de ses enfants. « Nous avons appris lors d’une conférence en mars 2016 dans la commune que d’autres parcelles du château allaient être traitées en bio. Cette posture était impensable auparavant ! » se réjouit-elle, « la vague de fond est là et qu’on ne reviendra pas en arrière ».
Une tendance confirmée par Antoine Lepetit de Bigne, œnologue et agronome qui conseille les propriétés dans leur conversion à l’agriculture bio et biodynamique : « à l’intérieur des propriétés viticoles Bordelaises ça bouge énormément. Il y a un débat généralisé cette année, contrairement à l’année dernière ». D’après lui, nombre de propriétés ont lancé des études d’impact environnementaux sur des lieux de vie et des parcelles de voisinage, quel que soit leur mode de culture.