La conclusion est la suivante: Limitez votre consommation de jus de fruits en bouteille
Contrairement à ce qui se passe désormais sur les fruits frais, le consommateur de jus de fruits n’est souvent pas informé du lieu de production des fruits qui varie selon les saisons… et la disponibilité sur le marché mondial. Les jus de fruits sont donc principalement élaborés à partir de fruits importés à la fois par nécessité (les oranges poussent peu en France) et du fait de la mondialisation (le marché de l’orange est ainsi devenu un marché mondial semblable au pétrole, où les acheteurs mettent en concurrence les pays et les origines pour obtenir la meilleure qualité possible au plus bas coût). En Afrique du Sud et en Argentine en été, mais aussi des myrtilles du Canada, des mangues d’Inde et des fraises de Pologne. Or de manière générale, les conséquences sociales de la production de fruits ne sont guère reluisantes. L’autre problème qui se pose évidemment est celui du transport pour ces fruits en jus ou entiers qui viennent souvent de loin.
Mais tout d’abord précisons de quoi ils sont constitués:
- Le « jus de fruits » désigne en fait une grande variété de produits tous élaborés à partir de fruits, mais qui se différencient par la nature du jus et les traitements subis
- les purs jus (42% du marché) sont obtenus par simple pression des fruits, sans adjonction de sucre, ni additifs ;
- les jus à base de concentré (ABC – 35% du marché) sont élaborés à partir de jus concentrés, qui facilitent le stockage et le transport, et reconstitués en réincorporant la même quantité d’eau que celle extraite lors de la concentration, avec dans certains cas adjonction de sucre (mention obligatoire sur l’étiquette) ;
- les nectars de fruits (24% du marché) sont constitués de jus ou de purée de fruits (plus de 25 ou 50% selon les fruits), d’eau et de sucre ou d’édulcorants (limitée à 20%).
Dans tous les cas, les colorants et les conservateurs sont interdits, mais les jus peuvent être restaurés voire enrichis en vitamines (notamment la vitamine C) ou en sels minéraux (calcium) qui peuvent avoir été perdus lors du processus de fabrication.
- Pour accroître encore la confusion des consommateurs qui ont parfois du mal à s’y retrouver, des boissons aux fruits d’une toute autre nature sont souvent placées tout à côté en linéaires. Elles contiennent du jus dilué avec de l’eau, de l’eau gazeuse ou du lait (le jus pouvant ne représenter que 10% du contenu voire moins), ainsi que des colorants, des arômes artificiels, et enfin du sucre (parfois en quantité plus importante que dans un soda, et jusqu’à 60% de plus que dans un jus d’orange) ou des édulcorants, même si leurs étiquettes affichent quasi-systématiquement des cascades de fruits frais similaires à celles des jus.
La qualité gustative des jus étant très inégale, qu’ils soient vendus à température ambiante (40% des ventes) ou au rayon réfrigéré , le “hard discount” a progressé au point qu’un tiers des jus de fruits, en France, sont désormais achetés dans les linéaires de ces enseignes à bas prix, tandis que les marques-leaders font couramment un tiers de leur chiffre d’affaires en fournissant les marques distributeurs .
Concernant les aspects nutritionnels, beaucoup d’entre nous consomment des jus de fruits dans le cadre d’une quête pour une alimentation saine, fondée notamment sur la notion d’AJR (apports journaliers recommandés… en vitamines, minéraux et fibres) et sur la nécessité de consommer au moins cinq fruits et légumes par jour. Selon les fabricants, un verre de jus de fruits (ou de légumes, d’ailleurs) pourrait ainsi compter comme l’une des cinq portions nécessaires, plus qu’un verre de soda à l’évidence, mais pas autant qu’un « vrai » fruit non plus (même si vous finissez la bouteille !) car dans le jus le pressage élimine une partie des fibres, qui sont contenues pour l’essentiel dans la pulpe et la peau des fruits.
Gare donc aux promesses santé un peu extrêmes des fabricants, dont certains ont même imaginé d’enrichir leurs jus en fibres pour pallier à ce problème !