Le distilbène ou DES, a été largement (pour 200 000 femmes enceintes) prescrit, des années 1948 aux années 1977 en vue d’éviter des fausses couches et des hémorragies. Ajoutons que le DES a été interdit aux USA dés 1971. Il le fut en 1977 en France. Or depuis lors, les constats nombreux de problèmes gynécologiques majoritairement sur ces femmes et leur descendance ont fait l’objet de nombreuses études. On comptabiliserait en effet de l’ordre de 160 000 cas recensés, en France.
Depuis 1953, le Distilbène est soupçonné de toxicité et agirait en tant que perturbateur endocrinien, avec toutes les conséquences sur la santé que cela implique. Une étude épidémiologique portant sur les effets transgénérationnels du Distilbène montre que les petits-enfants des femmes traitées avec cette hormone de synthèse, prescrite pour prévenir les fausses couches, sont 40 à 50 fois plus exposés au risque de malformations génitales. Le DES est “un modèle d’action des perturbateurs endocriniens” chez l’animal et chez l’homme, a rappelé le Pr. Sultan pédiatre endocrinologue. Ces substances chimiques peuvent interférer avec le fonctionnement des hormones. Or, a-t-il souligné, ces effets transgénérationnels ont été rapportés, chez l’animal, pour toutes les classes de perturbateurs endocriniens – dont les pesticides et le Bisphénol A (composé chimique controversé utilisé dans la fabrication de plastiques alimentaires).
En 2011 déjà, le Pr Sultan avait publié dans la revue de la Société américaine de la reproduction une étude faisant le lien entre la prise de DES et l’augmentation considérable (jusqu’à 40%) des malformations congénitales sur les petits garçons de la 2ème et 3ème génération.
Une nouvelle étude du Réseau DES France (association qui soutient les victimes de ce médicament) financée par l’Agence de santé et du médicament (ANSM) et relayée en exclusivité par le Parisien dans un article du 30 janvier 2020, a été menée sur 753 petites-filles de patientes auxquelles a été prescrit le Distilbène. Parmi ces “petites-filles”, trois d’entre elles seraient nées avec le syndrome de Rokitansky caractérisé par une absence totale ou partielle d’utérus.
L’équipe montpelliéraine nous propose une nouvelle étude sur le DES impactant le 2ème génération , et désormais la 3ème génération, dans la revue Human Reproduction qui conforte les informations déjà évoquées sur l’action perturbatrice intergénérationnelle du DES :
Human Reproduction, pp. 1–5, 2020 doi:10.1093/humrep/deaa267
CASE REPORT Gynaecology
Laura Gaspari 1,2,3,† , Françoise Paris 1,2,3,† , Nathalie Cassel-Knipping 4 ,
Julia Villeret 5 , Arnauld Verschuur 6 , Marie-Odile Soyer-Gobillard 7 ,
Xavier Carcopino-Tusoli 8 , Samir Hamamah 9,3 , Nicolas Kalfa 2,10 , and
Charles Sultan 1,2, *
1 Unité d’Endocrinologie-Gynécologie Pédiatrique, Service de Pédiatrie, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU Montpellier et Université Montpellier, Montpellier, France
2 Centre de Référence Maladies Rares du Développement Génital, Constitutif Sud, Hôpital Lapeyronie,CHU Montpellier et Université Montpellier, Montpellier, France
3 INSERM U 1203, Montpellier, France
4 Polyclinique Urbain V, Avignon,France
5 Hôpital Henri Duffaut, Service de Pathologie, Avignon, France
6 Hôpital d’Enfants de la Timone, Centre de Cancérologie Pédiatrique, Marseille, France
7 CNRS, Université Sorbonne, Association Hhorages-France, F-Asnières-sur-Oise, France
8 Département de Gynécologie, Hôpital Nord Marseille, Marseille, France
9 Département de Biologie de La Reproduction et DPI (ART/PGD), Hôpital A. de Villeneuve, CHU Montpellier et Université, Montpellier, France
10 Département de Chirurgie Pédiatrique, Hôpital Lapeyronie, CHU
Montpellier et Université Montpellier 1, Montpellier, France
*Correspondance address. Unité d’Endocrinologie-Gynécologie Pédiatrique Service de Pédiatrie, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU Montpellier et Université Montpellier, Montpellier, France. E-mail: pr.charles.sultan@gmail.com