Les conférences des parties (COP) rythment les négociations internationales sur le climat depuis trente ans. Chaque année, les représentants des 197 États signataires de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques et leur délégation prennent part aux négociations, sous l’œil de nombreux observateurs. « C’est le seul espace où tous les acteurs se retrouvent ensemble à la table des négociations »
L’évènement est parfois porteur. En 1997, lors de la COP3, à Kyoto (Japon), les pays développés se sont engagés à réduire de 5 % leurs émissions de gaz à effet de serre en signant le protocole dit de Kyoto. Certes, les États-Unis n’ont jamais ratifié l’accord et la Chine alors considérée comme en voie de développement a émergé comme un nouvel émetteur majeur de gaz à effet de serre.
Bien plus ambitieuse, la COP21 s’est traduite en 2015 par la signature de l’accord de Paris, le premier traité engageant l’ensemble des États à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Objectif : limiter le réchauffement climatique bien en deçà des 2 °C, et si possible de 1,5 °C. Le traité stipule aussi que la neutralité carbone doit être atteinte dans la seconde moitié du siècle et invite les États à rehausser leurs ambitions tous les cinq ans.
Alors que l’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % à l’horizon 2030, seul un objectif de réduction de 40 % des émissions de GES est inscrit dans la loi française. « La loi Climat Énergie de 2019 était l’occasion de rehausser l’ambition de la France », de même que la loi Climat et résilience de 2021: et nous sommes mal partis pour atteindre ces ambitions. D’ailleurs lors d’ un jugement rendu fin 2021, la France a même été condamnée par le Tribunal de Paris pour ne pas avoir rempli ses engagements.
Pour Nicolas Haeringer, de l’association 350.org, il existe un sujet tabou : « La question des politiques énergétiques — et de l’extraction des hydrocarbures — ne fait pas partie du mandat des COP. Ces questions restent discutées au niveau national. » Dans son rapport de 2021, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a clairement indiqué qu’il fallait cesser le déploiement de nouveaux projets pétroliers afin d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris.
La COP27 se déroule cette année sur le sol égyptien à Charm el-Cheikh du 6 au 18 novembre, l’activiste suédoise Greta a dénoncé « une opportunité pour les dirigeants […] d’obtenir de l’attention pour toutes sortes de greenwashing ou d’opérations de communication pour prétendre agir contre la crise climatique ».
Le secrétaire général de l’ONU António Guterres n’est guère plus enthousiaste : « Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale. Nous avons besoin d’action climatique sur tous les fronts et nous en avons besoin maintenant », a-t-il dit fin octobre . Avant de dénoncer les « engagements pitoyables » des États dans la lutte contre le changement climatique.
« Toutes les crises sont importantes, mais aucune n’a autant d’impact » que le réchauffement climatique, dont les effets dévastateurs « ne vont qu’empirer », a martelé dimanche, lors de l’ouverture formelle de la COP27, Simon Stiell, le patron de l’ONU-Climat.
Le président français a cependant annoncé en ouverture de la 27ème COP que la France « est au rendez-vous du devoir de solidarité », notamment en matière de finance climat et y compris sur l’adaptation au changement climatique des pays du Sud, il a aussi défendu la stratégie climatique de la France et de l’Europe de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, en citant la nécessité de mettre en place une sobriété énergétique, mais aussi le « développement accéléré » des énergies renouvelables et du nucléaire. Il n’a cependant fait aucune allusion pourtant nécessaire, sur des mesures précises concernant les émissions de CO2 françaises ou européennes, pourtant beaucoup trop élevées.
Mais , depuis trente ans, alors que les réunions s’enchaînent, on constate que les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître : en 2021, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint un nouveau record (414,7 parties par million (ppm) en moyenne).