Qu’est-ce qu’un aliment ultra-transformé ?
Les aliments qualifiés d’ultra-transformés dans l’étude constituent le groupe 4 (soit le plus élevé) du classement international Nova, qui distingue les produits en fonction du degré de transformation de leurs ingrédients. Le groupe 4 réunit les produits fabriqués selon un processus industriel et contenant de nombreux additifs – additifs dont l’objectif est de créer des aliments conservables longtemps, bon marché et consommables très facilement.
Leur apport énergétique est fort en raison de la grande quantité de sucre et de gras qu’ils contiennent, à l’inverse de leur apport nutritionnel. Ils représenteraient environ 50 % de l’offre en supermarché en France, d’après Anthony Fardet, ingénieur agronome et spécialiste de la nutrition, un chiffre qui monterait à 80 % dans les rayons diététiques et même à 100 % en ce qui concerne les céréales pour enfants d’après une enquête de La Nutrition.
Alors que la consommation d’aliments ultra-transformés (AUT) était déjà associée à un risque accru de contracter des maladies chroniques (dyslipidémies, obésité, hypertension, cancer), elle accroîtrait aussi les risques de mortalité “globale”. C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude NutriNet-Santé, publiés dans le Journal of American Medical Association
Dans cette étude ont été analysées les habitudes alimentaires de 44 551 participants âgés d’au moins 45 ans et suivis entre 2009 et 2017. Les données permettent de dévoiler un profil type du consommateur d’AUT : en surpoids, vivant seul, ne pratiquant pas ou peu d’activité physique et disposant d’un revenu et d’un niveau de qualification faibles. Les AUT représentent, en moyenne pour tous les participants, 14,4 % des aliments qu’ils consomment (en poids) et 29,1 % de leur apport énergétique total.
Augmenter de 10 % la part des aliments ultratransformés dans l’alimentation accroîtrait de 15 % le risque de mortalité. C’est l’un des enseignements d’une étude portant sur les habitudes alimentaires de plus de 40 000 personnes, suivies entre 2009 et 2017. Le lien de causalité reste cependant à définir.
Pendant le suivi, 602 participants sont décédés. Après un ajustement visant à éliminer les autres facteurs de risques, les chercheurs ont conclu qu’une hausse de 10 % des AUT dans le régime alimentaire est associée à un risque de mortalité accru de 15 %, toutes causes confondues. Ils précisent cependant que d’autres études prospectives seront nécessaires afin de confirmer ces résultats et d’en définir les mécanismes.
Références :
• “Association Between Ultraprocessed Food Consumption and Risk of Mortality Among Middle-aged Adults in France”, dans Journal of American Medical Association, fév. 2019.
• Mangeons vrai. Halte aux aliments ultratransformés !, d’Anthony Fardet, éd. Thierry Souccar, 2017.
• « Exclusif : 81% d’aliments ultra-transformés au rayon “diététique” et 100% des céréales pour enfant », dans La Nutrition, juin 2017.