L’épidémiologiste de l’environnement Shanna Swan renouvelle l’alerte sur la baisse de fertilité générale

Sa première étude, publiée en juillet 2017, indiquait que la numération des spermato-zoïdes, soit le nombre total de spermatozoïdes dans un éjaculat, avait chuté de plus de 50% en Amérique du Nord, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande entre 1973 et 2011. Avec une nouvelle méta-analyse publiée le 15 novembre 2022 dans la revue Human Reproduction Update, les scientifiques ont analysé différentes études d’échantillons de sperme parues entre 2014 et 2019 pour les ajouter aux données précédentes.

Et le verdict de  Shanna Swan, coauteure de l’étude et épidémiologiste de l’environnement au sein de l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai de New York, est sans appel : « Le recul ne s’atténue pas, il reste abrupt et important, dans l’ensemble, la diminution garde une amplitude similaire, mais on constate une accélération ces dernières années. (…) Toute perturbation du développement des organes génitaux qui survient in utero est permanente, » ajoute-t-elle.

Contrairement aux idées reçues, l’infertilité affecte autant l’homme que la femme, indique Amy E.T. Sparks, physiologiste de la reproduction et directrice des laboratoires de fécondation in vitro et d’andrologie de l’université d’Iowac. Ce déclin de la numération des spermatozoïdes n’est pas un phénomène isolé. La faible numération des spermatozoïdes est associée à un faible niveau de testostérone et à une modification du développement des organes génitaux masculins dans l’utérus, déclare Shanna Swan, auteure du livre Compte à rebours – Nos enfants seront-ils tous stériles en 2050 ?

Pour Hagai Levine, épidémiologiste à l’école Braun de santé publique de l’université hébraïque de Jérusalem, cette baisse de fertilité connaît une  accélération qui pourrait s’expliquer par un « effet de mélange » des substances chimiques : ceci avec différentes substances associées dans l’environnement, ce qui pourrait avoir un effet encore plus néfaste en amplifiant mutuellement leurs effets négatifs. Ou alors, poursuit-il, le déclin pourrait être le fruit d’une « exposition cumulée au fil du temps. »

En conclusion, Levine et Swan appellent à l’action locale et internationale pour diminuer ou éradiquer ces substances chimiques de nos environnements. « Nous devons tout faire pour empêcher le déclin de se poursuivre et même inverser la tendance » déclare Levine. « Nous devons à tout prix éviter la complaisance à ce sujet en imaginant naïvement que la reproduction assistée est la solution. »