Près de 600 000 tonnes de plastique sont déversées chaque année en Méditerranée, selon un rapport publié vendredi 7 juin par le Fonds mondial pour la nature (WWF), à la veille de la journée mondiale de l’océan.
Parmi les 22 pays de la région méditerranéenne, la France fait figure de mauvaise élève. Rien qu’en 2016, elle a généré à elle seule 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques (l’équivalent de 66 kg par Français), ce qui fait d’elle le plus gros producteur de déchets plastiques de la région. Si l’essentiel est incinéré (40 %), enfoui (36 %) ou recyclé (22 %), il n’en reste pas moins que 80 000 tonnes atterrissent chaque année dans la nature.
Cela conduit, logiquement, à la contamination des eaux méditerranéennes : 11 200 tonnes de déchets plastiques français y pénètrent chaque année, l’essentiel (79 %) provenant des activités côtières – tourisme et activités de loisir, notamment. Le reste est dragué par les fleuves (12 %) ou découle directement des activités maritimes (9 %), comme la pêche, l’aquaculture ou le transport maritime.
Si un cinquième de cette pollution plastique aura rejoint les côtes françaises en l’espace d’un an, le reste restera en mer, contaminant les fonds marins (11 %) et les eaux de surface (66 %). Sur les côtes françaises, la concentration de débris plastiques à la surface est particulièrement élevée dans la baie de Marseille (1 000 km2), à Nice (578 km2) et même en Corse (112 km2), relève le WWF. Cette pollution pèse sur l’économie des secteurs du tourisme, du commerce maritime et de la pêche, coûtant à la France quelque 73 millions d’euros par an.
« Les matières plastiques n’ont pas à se retrouver dans la nature, dans les océans. La première question est : que font-elles là, alors qu’il existe des filières de recyclage ? », souligne Jean-Yves Charmeau, de l’INSA. L’an passé, la planète a produit 359 millions de tonnes de plastiques, en hausse de 3,2 %, selon Plastics Europe, qui regroupe les industriels européens du secteur. L’Europe, si elle voit, elle, sa production baisser, consomme toujours autant de matières plastique. En France, production et consommation sont en reculs, alors que la demande en matières plastique recyclées a crû de 14 % en 2018.
« Nous sommes dopés au plastique, déplore Isabelle Autissier. Il faut que cela s’arrête : nous devons en consommer moins et les industriels doivent cessent d’aller vers cette solution qui est la plus facile et la moins chère. » Le fait que des particuliers prennent des initiatives pour réduire les déchets constitue, selon elle, un « signal intéressant », mais les industriels doivent aussi « jouer le jeu ». En réponse au fléau de la pollution due aux déchets plastique, toute l’industrie – de la pétrochimie à la grande distribution – amorce une mue à marche forcée.
Le message commence tout juste à s’imposer : l’âge du plastique à tout-va, pilier de la consommation à outrance des « trente glorieuses », touche à sa fin.