Le travail, c’est la santé ?
Cette catastrophe n’a pas fait la une de notre actualité en occident, ce sont pourtant plus de 1000 personnes qui seraient décédées dans l’effondrement du “Rana Plaza” au Bangladesh ce mercredi 24 avril. Des personnes seraient encore sous les décombres. Les victimes fabriquaient des vêtements pour des marques : Mango, Primark, El Corte Ingles, Bon Marché et Loblaw mais aussi Carrefour ou Benetton…
Le drame aurait pourtant pu être évité : la veille de l’effondrement, les personnels avaient quitté les ateliers en raison des fissures apparues dans les piliers du bâtiment. Mais ils ont été contraints de regagner leur poste de travail. Les autorités bangladaises avaient même demandé aux propriétaires d’évacuer le bâtiment la veille du drame.
Rien n’y a fait….
Quid maintenant de la prise en charge médicale d’urgence, des indemnités versées pour les victimes et leur famille ? (les manifestations de colères se multiplient sur place)…
Le cas de cette catastrophe n’est pas isolé… bâtiments construits en toute illégalité sur des sites inadaptés, sorties de secours bloquées ou inexistantes, installations électriques défectueuses… ces dernières années, plus de 1000 personnes ont trouvé la mort dans des accidents liés à l’état déplorable des usines dans les pays en voie de développement.
Et encore, il ne s’agit probablement là que de la partie visible de ce sinistre iceberg.
Que dire des expositions à des milliers de substances dangereuses auxquelles sont soumis les employés de tous les sous traitants de fabricants de vêtements, d’électroménagers, de matériels informatiques, de jouets… Combien de morts, de personnes handicapées, malades… combien de drames se jouent quotidiennement du fait de ce mépris des droits les plus élémentaires de millions de salariés ? Apple[1], Samsung avaient été épinglées récemment sur les conditions de travail catastrophiques de ces sous traitants…
Et combien de victimes indirectes des pollutions de l’eau, de l’air induites par l’usage de ces produits ?
Il est déjà difficile de reconnaître les maladies professionnelles en France (13,5% des salariés français sont pourtant exposés à un ou plusieurs facteurs cancérogènes[2])….
Alors qui se soucie de la santé des salariés à l’étranger qui fabriquent… nos biens de consommation ?
Pourtant, alors que de nombreuses organisations (Collectif Ethique sur l’étiquette, Peuples Solidaires…) ne cessent de dénoncer cette situation, les grandes marques continuent de fermer les yeux et d’accepter des conditions de travail et de sécurité inacceptables….
Dans le domaine de l’habillement, après des années le lutte, selon l’association “Peuples solidaires”, seules les entreprises Tchibo et PVH (Calvin Klein et Tommy Hilfiger) ont accepté de signer l’accord sur la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies au Bangladesh….
Quelle est notre responsabilité de consommateurs dans cette situation ?
Ces morts, ces conditions de travail inhumaines sont bien loin des vitrines de la mode ou des publicités dont on nous abreuve jusqu’à l’écœurement…
Si nous ne sommes pas responsables des agissements des industriels et de leur politique vis à vis de leurs fournisseurs, ne serions nous pas pour autant coupables de fermer les yeux ?
A nous de demander des comptes aux fabricants, distributeurs (les services consommateurs et les sites internet existent aussi pour cela !)
A nous de privilégier au quotidien des produits issus du commerce équitable et biologique[3]
Pour les textiles par exemple, des marques s’engagent : Ekyog, Gudrun Sjoden, Machja, Skunkfunk , Tudobom …
A nous aujourd’hui d’être des consomm’acteurs.
Pour en savoir plus :
Collectif Ethique sur l’Etiquette
Pour agir :
– questionner les distributeurs et fabricants de nos produits (via leur site internet, par courrier, par téléphone…)
– une pétition de l’association “Peuples-solidaires” est en ligne