Le sommeil est fondamental pour la santé. Connu depuis longtemps, on redécouvre depuis peu l’importance du sommeil pour préserver nos défenses immunitaires. Il régule plusieurs fonctions dont l’humeur, la cognition, le métabolisme ou encore l’immunité. Dès les années 70, les relations entre la flore intestinale et ses médiateurs influençant le sommeil sont suspectées. L’infection modifie le sommeil : sa durée totale et la proportion de sommeil lent augmentent.
Des chercheurs allemands ont découvert que certaines hormones, comme l’adrénaline, empêchaient les lymphocytes T, ou cellules T, d’activer leurs intégrines après avoir reconnu une cible. Les intégrines, ce sont des protéines collantes qui permettent aux lymphocytes T de se fixer à une cellule infectée par un virus, et éventuellement de la tuer. Or, l’adrénaline chute considérablement lorsque le corps est endormi.
Les effets bénéfiques du sommeil vont bien au-delà : la réparation des tissus et la croissance sont sous le contrôle de l’hormone de croissance, sécrétée pendant le sommeil ; les connexions neuronales en réaménagement permanent pendant la nuit consolident les apprentissages de la veille pendant le sommeil paradoxal ; et la récupération physique se fait pendant le sommeil lent ; enfin, les réactions immunitaires et le sommeil ont de nombreuses interactions, développées dans cet étude de cette équipe allemande.
C’est encore plus vrai pour la petite enfance. Pour rappel les recommandations sur le sommeil sont de 11 à 14 heures entre 1 et 2 ans, puis de 10 à 13 heures entre 3 et 5 ans. Les preuves s’accumulent sur cette importance dès la petite enfance. Le sommeil des enfants est important pour leur santé à l’âge adulte, et il est nécessaire qu’il soit suffisant et régulier. C’est ce que révèle une étude dans laquelle ont été étudiées les trajectoires d’évolution du sommeil de 1 899 enfants de 2 à 5 ans. Après avoir établi un lien entre sommeil et qualité de la vue à l’âge de cinq ans, une équipe Inserm montre cette fois une corrélation avec l’immunité : une courte durée de sommeil dans les premières années de vie semble associée à un taux accru de certaines cytokines pro-inflammatoires, des molécules retrouvées dans plusieurs pathologies fréquentes à l’âge adulte.
références:
https://rupress.org/jem/article/216/3/517/120367/G-s-coupled-receptor-signaling-and-sleep-regulate
et note : unité 1153 Inserm/Université Paris Cité/Inrae
Source : M. Radmanish et coll. Sleep duration trajectories associated with levels of specific serum cytokines at age 5 : A longitudinal study in preschoolers from the EDEN birth cohort. Brain Behav Immun Health du 8 février 2022. DOI : 10.1016/j.bbih.2022.100429