En pleine sécheresse et crise climatique la Cour des comptes présente son rapport qui devrait tous nous alerter : “ nos ressources en eau s’amenuisent et la situation ira en s’aggravant dans les décennies qui viennent” en soulignant la nécessaire réduction des prélèvements, l’inutilité des mégabassines en cas de sécheresse hivernale, la tarification progressive de l’eau, la recherche sur les eaux usées… C’est ce qu’il faut en retenir à l’heure où 68% des nappes phréatiques sont toujours sous les normales de saison.
Chaque année, 32 milliards de m3 d’eau sont prélevés pour satisfaire les différents usages. La moitié, soit 16 milliards de m3, permet notamment le refroidissement des réacteurs nucléaires (cette eau est ensuite quasiment restituée). Viennent ensuite presque à égalité les prélèvements au profit de l’eau potable (5,3 milliards de m3) et de l’alimentation des canaux (5,4 milliards de m3), puis des usages agricoles (3 milliards de m3) et enfin des usages industriels (2,5 milliards de m3).
À noter que la majeure partie de ces prélèvements est réalisée sur les eaux de surfaces (82%). Cependant, les eaux souterraines ne sont pas épargnées. “11% des eaux souterraines font l’objet de prélèvements excessifs”, note le rapport. La Cour appelle même à un renforcement du contrôle des autorisations de prélèvement et estime que “le financement public d’infrastructures d’irrigation de terres agricoles devrait être conditionné à des engagements de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement”.
Enfin, les auteurs de ce rapport regrettent le manque de lisibilité dans la gouvernance de la gestion de l’eau. Jusqu’à aujourd’hui, la politique de l’eau a essentiellement consisté “à organiser sa répartition entre les différents usagers”. À plus petite échelle, le rapport préconise de mettre en œuvre une tarification progressive “partout où cela est possible pour inciter les gros consommateurs à modifier leur comportement”. En exemple, cette tarification pourrait également s’appliquer aux prélèvements destinés à l’irrigation et aux industries raccordées au réseau d’eau potable. Ces prélèvements “ont plus que doublé en une décennie”.
Rappelons cet article qui ne devrait pas être oublier:“La protection de l’eau, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général », souligne l’article L. 210-1 du code de l’environnement.
Sans compter la réalité du changement climatique affecte d’ores et déjà les ressources en eau et que toutes les études prospectives laissent penser que la situation ira en s’aggravant. L’élévation des températures provoque une évapotranspiration plus importante que par le passé et un retour rapide de l’eau vers l’atmosphère au détriment des cours d’eau, des sols et des nappes, avec des étiages de plus en plus longs et sévères qui contraignent les autorités à prendre des mesures de plus en plus fréquentes de restriction des usages de l’eau comme nous les connaissons déjà.
Nous devons donc devoir apprendre à réduire notre consommation d’eau potable et à raisonner son usage. Pour la Cour des comptes, c’est “l’unique solution”. Elle est “la condition du retour à l’équilibre dans les zones en tension et de la restauration du bon état des masses d’eau”. Pourtant “elle n’est pas encore considérée comme une priorité. Or, “elle doit désormais devenir une politique de protection d’un bien commun essentiel”.
Le rapport : https://www.ccomptes.fr/system/files/2023-07/20230717-gestion-quantitative-de-l-eau.pdf