Nous avons bien entendu le président, nous incitant fortement à la sobriété énergétique, dans cette période mouvementée à l’Internationale, qui nous interpelle fortement à propos des choix jusqu’alors promus, comme celui des énergies fossiles. Mais cette sobriété est tout aussi nécessaire, dans la période de dérèglement climatique, que nous connaissons cet été, et qui pourtant aurait du faire l’objet d’actions politiques fortes depuis les derniers rapports du Giec largement anticipateurs.
Et là quelle ne faut notre surprise au rendu du rapport de la Cour des comptes européenne qui chiffres à la clé nous donne ces précisions : L’UE s’était engagée à consacrer au moins 20 % de son budget 2014-2020 à l’action pour le climat. La Commission a annoncé que cet objectif avait été atteint, avec 216 milliards d’euros de dépenses climatiques déclarées pour cette période. Nous avons constaté que celles-ci n’étaient pas toujours liées à des actions en faveur du climat et qu’elles étaient globalement surestimées, de 72 milliards d’euros au moins selon nos calculs. Comme c’était à craindre, il y a un fossé entre les déclarations d’intention et la réalité : les 20 % de dépenses promises pour le climat ne sont pas atteintes… et de loin. Seulement 13 % des dépenses peuvent être attribuées à des actions en ce domaine.
Et c’est sans compter que ce rapport de la Cour des comptes confirme : 80 % de ce budget non dépensé aurait dû l’être pour rendre plus vert le secteur agricole, ce qui est un axe à valoriser de même rapidement, et d’autant qu’à mesure que la population mondiale croit , les revenus et la consommation de viande augmentent, et par voie de conséquences les terres agricoles s’étendent à un rythme toujours plus effréné..
Il reste évident que chacun doit participer à l’effort sur ces axes fondamentaux du moment, mais en espérant aussi que cela soit aussi parmi les priorités de nos gouvernants et pas seulement en paroles.
Dans le même ordre nous entendons bien trois scientifiques, Denis Couvet, Wolfgang Cramer et Timothy Searchinger, qui alertent aussi sur la politique climatique de l’UE, qui entend consacrer 20 % des terres cultivées à la bioénergie, et à multiplier les importations de bois, sachant que la science du climat nous avertit que l’humanité doit cesser de transformer les forêts en terres agricoles, car ce processus libère du dioxyde de carbone et détruit les habitats!
C’est pourquoi ce groupe de scientifiques de toute l’Europe appelle le Parlement européen à modifier le plan ( « Fit for 55 » )par des amendements raisonnables. Récolter et brûler davantage d’arbres augmente la quantité de carbone dans l’atmosphère pendant des décennies, voire des siècles. Cela est vrai même si on laisse les arbres repousser et même si le bois remplace le charbon avantageusement. La combustion de la biomasse libère davantage de carbone que la combustion de combustibles fossiles, mais ces émissions sont ignorées.
Alors que tous les indicateurs sont au rouge et virent à l’écarlate, persister sur la voie de la quasi indifférence climatique , c’est à la fois mépriser le présent et sacrifier l’avenir des jeunes générations.