Le lac du Bourget a perdu le quart de ses ressources en eau selon l’article des Echos que nous relayons : les Echos.fr Par Gabrielle Serraz | 20/09 | 07:00 | mis à jour à 11:28
Température en hausse, chutes de pluie en baisse : en moins de dix ans, le lac du Bourget a perdu le quart de son approvisionnement en eau.
« Ici, dans les Alpes du Nord, l’effet du changement climatique, c’est une réalité et, nulle part ailleurs en France, l’évolution du climat n’est aussi tangible. » Renaud Jalinoux, directeur du Comité intersyndical pour l’assainissement du lac du Bourget (Cisalb), qui depuis 1972 regroupe les agglomérations de Chambéry et d’Aix-les-Bains est inquiet.
Les chiffres sont là. Côté températures, les experts font état d’une hausse moyenne de 1,8 degré entre 1950 et 2012 dans les Alpes du Nord, soit trois fois plus que la moyenne mondiale !
Les précipitations mesurées à la station de Météo-France de Voglans (Savoie) marquent une baisse de 15 à 30 % en neuf ans, passant de 1.300 millimètres, moyenne d’une année normale, à 1.030 millimètres depuis 2003. Les « pluies efficaces » – différence entre les précipitations et l’évapotranspiration réelle -ont été divisées par 3,5 en moins de dix ans.
Les conséquences sont mesurables. A toute augmentation d’un degré de l’air correspond une hausse d’un degré de la surface de l’eau du lac. « Pour le moment, le lac se porte bien et s’adapte », raconte Renaud Jalinoux. Certains poissons comme le lavaret trouvent leur nourriture au bon moment, mais d’autres espèces pourraient voir leur cycle reproductif entravé. Les collectivités et l’agence de l’eau ont investi sur les trente dernières années environ 300 millions d’euros pour protéger de la pollution le plus grand lac naturel d’origine glaciaire de France. Le lac assure même l’eau potable d’Aix-les-Bains et de Tresserve.
Des écosystèmes stressés
L’inquiétude vient aussi du fait que le débit des cours d’eau du bassin versant du lac du Bourget a été divisé par deux. De nombreuses petites sources ont disparu. Le lac a perdu 900 millions de mètres cubes d’eau d’approvisionnement en dix ans ! Il pourrait même perdre le tiers de son volume d’approvisionnement en eau à plus long terme. Pour les cours d’eau, la conséquence est une concentration de la pollution, et les écosystèmes sont stressés.
Une situation qui va poser problème aux agriculteurs, dont certains doivent faire appel au réseau public pour arroser vergers ou cultures maraîchères. « Ici, dans les Alpes du Nord, nous n’avons pas l’habitude de gérer le manque d’eau », ajoute l’expert. Deux à trois retenues collinaires d’une capacité de 50.000 à 100.000 mètres cubes sont à l’étude dans le massif de l’Epine entre Chambéry et Aix-les-Bains. Ces investissements de 2 à 3 millions d’euros serviraient aux cultures maraîchères et à l’arboriculture. Comme dans le sud de la France !