Voilà les conclusions du Haut Conseil pour le climat (HCC) dans son rapport « Rénover mieux : leçons d’Europe », publié mardi 24 novembre et réalisé à la suite d’une saisine du gouvernement. Les treize experts de cet organisme indépendant émettent une trentaine de recommandations après avoir comparé les politiques françaises à celles menées par l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède et les Pays-Bas.
Le chemin vers la neutralité carbone en France n’aboutira pas sans résoudre l’ obstacle majeur : celui de la rénovation énergétique des bâtiments.Le bâtiment fait partie des quatre secteurs les plus émetteurs en France : il est responsable de 18 % des émissions territoriales de gaz à effet de serre et de 40 % de la consommation finale d’énergie.
« Ce secteur peut et doit être complètement décarboné pour permettre à la France de respecter ses objectifs climatiques », assure Corinne Le Quéré, climatologue à l’université britannique d’East Anglia, qui préside le HCC. Or, la France a accumulé un « retard important », note-t-elle. Les émissions ont certes baissé de 2,9 % dans ce secteur en 2019, et de 2,2 % par an sur la période 2015-2018, mais il aurait fallu atteindre 5,4 % de diminution annuelle, soit deux fois plus.
Les efforts de la France sont d’autant plus insuffisants, souligne le HCC, que notre pays présente le parc de logements le plus énergivore de tous, ce qui induit des émissions directes de CO2 plus élevées. Les logements français présentaient en 2017 une consommation de chauffage ramenée au climat européen moyen de 13,8 kgep/m2 (kilogramme équivalent pétrole par mètre carré). C’est bien plus que la moyenne de l’Union européenne, qui se situe aux alentours de 9,8 kgep/m2
Alors que la France s’est engagée à atteindre 500 000 rénovations par an afin de porter l’ensemble du parc à un niveau « bâtiment basse consommation » (BBC) d’ici à 2050, seulement 60 000 à 70 000 logements (soit 0,2 %) ont été rénovés de manière profonde chaque année sur la période 2012-2016.
Agir dès maintenant, d’accord. Mais comment ? En moyenne, l’empreinte carbone d’un Français est d’environ 11 tonnes de CO2 équivalent par an. En d’autres termes, de par ses habitudes au quotidien (déplacements, logement, alimentation…), un Français produit en moyenne 11 tonnes de CO2 chaque année (ou équivalent, c’est-à-dire d’autres gaz à effet de serre). Or, « pour respecter l’Accord de Paris [adopté lors de la COP21 fin 2015], cette empreinte doit être réduite à 2 tonnes de CO2 équivalent par an d’ici à 2050, soit une baisse de 80 % », rappelle Carbone 4, un cabinet de conseil indépendant spécialisé dans la mise en place d’une stratégie bas carbone ambitieuse.
« C’est un taux de rénovation qu’il faudra multiplier par cinq après 2022 et par dix d’ici à 2030 », avertit Corinne Le Quéré.